Le Journal de Montreal

Une PME québécoise boudée par le ministère des Transports

Pultrall de Thetford Mines est pourtant prisée ailleurs au pays et aux États-Unis

- JEAN-MICHEL GENOIS GAGNON

Alors que les contrats se multiplien­t au Canada et aux États-Unis, l’entreprise Pultrall est incapable de percer le marché québécois avec ses armatures en composites. Un non-sens, selon la haute direction, qui déplore le manque d’appuis du gouverneme­nt.

« Ce qui se passe au Québec, c’est que nous avons été des précurseur­s dans les années 90 avec notre technologi­e. Il y a eu beaucoup de projets de recherche avec le ministère des Transports (MTQ), mais quand il a été le temps d’introduire nos armatures dans l’usage courant, c’est là que cela a accroché », raconte le président, Bernard Drouin.

Spécialisé­e dans les matériaux composites, la PME de Thetford Mines développe depuis 1987 des produits à base de fibre de verre pouvant servir à des constructi­ons dans les secteurs du transport, de l’électricit­é, du médical et de l’industriel.

Dans son offre, on retrouve la tige V-ROD qui peut remplacer la tige d’acier courante servant à renforcer le béton lors de la constructi­on de bâtiments, de stationnem­ents ou de ponts. C’est ce produit qui gagne en popularité chez nos voisins du sud.

« C’est plus fort que l’acier, c’est plus léger et cela ne rouille pas », fait valoir M. Drouin, à la tête d’une compagnie de 140 employés.

« Notre armature est reconnue pour durer plus de 100 ans », poursuit-il.

MANQUE DE SOUTIEN

Bien qu’il collabore sur une poignée de projets avec le MTQ, comme la réfection du pont Dubuc, au Saguenay, le patron de Pultrall estime que le gouverneme­nt du Québec se prive souvent de la meilleure technologi­e disponible sur le marché en préférant miser sur le plus bas soumission­naire.

« L’adoption de notre technologi­e est plus lente au Québec. Nos ventes sont 95 % à l’extérieur de la province », insiste M. Drouin. « C’est dommage de ne pas avoir plus de support de notre gouverneme­nt », ajoute-t-il.

Du côté des États-Unis, l’hiver dernier, Pultrall a collaboré à la constructi­on d’un mur marin avec le Florida Department of Transporta­tion.

« Pour nous, c’était un projet de 1,6 million $. Ils ont beaucoup de problèmes avec leurs structures en contact avec l’eau salée. L’an dernier, aux États-Unis, nos contrats se sont élevés à 5 millions $, comparativ­ement à 400 000 $ au Québec

», avance M. Drouin.

« Même à travers le Canada, nous sommes reconnus. Cette année, en Ontario, nous allons avoir participé à une quarantain­e de projets », ajoute celui qui a aussi des clients au Mexique, en Europe, en Asie et en Australie.

Le PDG de Pultrall espère que le MTQ tiendra maintenant compte de sa solution dans le cadre de la constructi­on du troisième lien entre Québec et Lévis et pour le pont de l’Île-d’Orléans.

Il mentionne aussi que son entreprise a participé à plusieurs projets d’infrastruc­tures en lien avec l’aménagemen­t de tramway, notamment à Toronto.

MOINS CONNU

Au MTQ, on souligne qu’au cours des dernières années plusieurs projets ont été effectués avec armature composite à travers le réseau routier.

« Toutefois, le comporteme­nt à long terme de l’armature composite est moins connu que celui de l’acier », répond la porte-parole, Émilie Lord, ajoutant « que la responsabi­lité du choix du matériau revient au concepteur ».

Aujourd’hui, le chiffre d’affaires de Pultrall oscille aux alentours de 20 millions $. L’entreprise a aussi des installati­ons en Caroline du Nord et un bureau à Toronto.

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PHOTO COURTOISIE PULTRALL Cette année, Pultrall a collaboré à une quarantain­e de projets en Ontario, dont la réparation de ce pont à Nipigon.

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