Le Journal de Montreal

Y a-t-il un parent dans la salle ?

- SOPHIE DUROCHER sophie.durocher @quebecorme­dia.com

Samedi soir, avec fiston, on est allé au cinéma voir un petit film sur des gentils pompiers qui sauvent des vies et adoptent des enfants abandonnés. Bref, pas un chef-d’oeuvre.

Mais ce n’est pas la pauvreté du scénario, l’insignifia­nce des dialogues ou la faiblesse du jeu des acteurs qui m’a choquée.

C’est le fait que pendant une heure et demie, des enfants sans surveillan­ce se promenaien­t partout dans la salle, parlaient, faisaient un bruit d’enfer, sautaient dans les allées sans qu’un seul parent ne les ramène à l’ordre.

Au cinéma, en 2019, le problème, ce ne sont pas les enfants-rois. Ce sont les parents-valets.

LES ENFANTS DU PARADIS

Comment voulez-vous qu’on ait envie d’aller au cinéma quand les enfants se comportent en public comme s’ils étaient tout seuls chez eux ? Il n’y a pas un père, pas une mère, pour leur dire que ce n’est pas nécessaire de répondre aux comédiens sur l’écran à voix haute ?

Samedi soir, une rangée complète d’enfants se levaient à tout bout de champ pour courir dans les marches ! À aucun moment des adultes ne leur ont intimé l’ordre de se tenir tranquille. Quand les enfants sortaient pour aller aux toilettes, ils sautaient les marches deux par deux, en faisant un bruit épouvantab­le. Personne ne leur a dit un mot.

À ma droite, une petite fille a passé tout le film à brasser son immense verre de liqueur pour faire tinter les glaçons. Pendant une heure et demie ! Je lançais des regards vers son père, impassible, qui était soit sourd, soit aveugle, soit inconscien­t.

R.E.S.P.E.C.T

Avant que le film commence, on a toujours droit à un message rappelant à tous de fermer leur cellulaire et de ne pas texter pendant le film « par respect pour les autres ». Le motclé ici étant respect.

À peine les lumières éteintes, la mère assise devant moi sort son cellulaire et commence à texter. Je la laisse faire quelques secondes, en me disant que c’est peut-être une urgence, elle est peut-être en train de finaliser une OPA sur une multinatio­nale.

Mais quand je vois qu’elle continue allègremen­t à se faire aller les doigts sur son écran, je lui tape sur l’épaule et lui demande gentiment de fermer son cell. « T’es une mal baisée » me répond-elle ! Devant ses enfants, devant mon enfant, elle m’agresse de la pire des façons.

Comme disent les Anglais : « Well, that escalated quickly ». On est passé rapidement de 0 à 100 km/h dans le lancer d’insulte !

Coudonc, on en est rendu là ? Après la rage au volant, la rage au cellulaire ?

Je ne sais pas quelle mouche a piqué cette mère absolument imbuvable, mais entre les parents mal léchés et les enfants mal élevés, je commençais à avoir hâte que le navet finisse.

LA MAUVAISE ÉDUCATION

Ne vous demandez pas pourquoi de plus en plus de gens préfèrent le cinéma maison.

Le pop corn ne coûte que 5 cents, le canapé est confortabl­e, personne ne vous traite de frustrée sexuelle, il n’y a pas d’enfants surexcités par leurs jujubes qui courent partout et surtout, pas de voisin qui joue aux maracas avec son Coke.

La paix, la sainte paix, extra beurre.

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