Le Journal de Montreal

Retour sur le vrai rôle des parents

- LOUISE DESCHÂTELE­TS louise.deschatele­ts@quebecorme­dia.com

Comme celle qui vous écrit ce matin, j’ai quitté jeune la maison familiale. J’avais de grosses divergence­s d’opinion avec mon père, et, mes choix de vie ne lui plaisant pas, la porte me fut indiquée à 18 ans pour absence de réponses à ses volontés. J’ai mis un temps fou à faire mon cégep, vu que je devais gagner ma vie en même temps. Comme cette femme, j’ai également eu des relations amoureuses difficiles, et le père de mes deux enfants ne m’a jamais soutenue. Même si j’ai réussi à faire d’eux des adultes autonomes, pendant ce temps-là, moi, je me tuais au travail pour faire face.

J’ai aujourd’hui 50 ans. Mes parents sont encore en vie et se la coulent douce. Ils passent un mois en Floride tous les hivers et trois semaines à la pêche quelque part au Québec l’été. J’ai un jour osé leur demander de l’aide monétaire pour faire face à mes dettes et leur réponse fut catégoriqu­e : un gros NON. Selon mon père, comme j’avais choisi la vie que j’avais menée, il fallait que j’en assume les conséquenc­es.

J’ai trouvé ça tellement dur à avaler que, quand je lis ce matin votre réponse à « Une fille qui cherche une solution », ça me fait grimper dans les rideaux. Vous dites « Le droit à la différence, l’enfant l’a très certaineme­nt. Mais viennent malheureus­ement avec ce droit, que vous avez exercé selon ce que vous exprimez par votre texte, certaines conséquenc­es. » Autrement dit, selon vous, si on n’est pas d’accord avec les vues qu’ont nos parents sur nous, on n’a plus droit à leur aide. On devient un étranger. Ben j’suis pas d’accord. Quand on est parent, on le demeure toute sa vie. Et je considère que mes parents, comme ceux de cette femme d’ailleurs, ne méritent pas leur titre de parents. Outrée

Malheureus­ement, on ne peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre. À tort ou à raison, tout parent responsabl­e va exiger de son enfant un certain nombre de choses. Mais quand, comme vous et cette personne l’avez fait, l’enfant préfère s’émanciper plutôt que de répondre à telles demandes, il fait un choix dont il doit assumer les conséquenc­es. Ça s’appelle devenir un adulte. Statut que vous devriez avoir atteint à votre âge, il me semble.

Je ne suis pas la seule à penser ainsi. Une lectrice prénommée Carole me disait ce qui suit à propos de cette même réponse : « On dit parent un jour parent toujours… mais il faut aussi regarder l’envers de la médaille. On sait que l’adolescenc­e est bien difficile à vivre, mais ça l’est aussi pour les parents. Et de voir leur fille partir a dû les faire souffrir. Aujourd’hui rendue à 40 ans, elle revient avec SES problèmes et voudraient que ses parents l’aident… votre réponse, comme toujours fut sage. »

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