Le Journal de Montreal

Ça leur donne 400 jours de travail par an

- ÉRIC YVAN LEMAY

Ce n’est pas la première fois que des médecins abusent des incitatifs qui leur sont versés. En 2015, la vérificatr­ice générale avait souligné que des omnipratic­iens comptabili­saient plus de 400 jours de pratique par année.

Vingt-sept d’entre eux avaient réussi cet exploit lors de l’année 2013.

Au total, 60 médecins déclaraien­t pratiquer plus de 365 jours au cours de l’année.

Cette anomalie découlait d’un incitatif mis en place par le gouverneme­nt pour permettre aux médecins de toucher une prime de 50 $ par jour après le 180e jour de travail dans l’année.

Au-delà de 200 jours travaillés, la prime augmentait à 200 $ par jour. On souhaitait ainsi augmenter la prise en charge de patients par les médecins de famille.

BEAUCOUP D’ACTES

Puisque la majorité des médecins sont payés à l’acte, ils devaient convertir les sommes qui leur étaient versées en jours de travail, à partir d’un tarif horaire moyen. Ceux qui posaient le plus d’actes au cours de l’année ont donc déclaré travailler l’équivalent de plus de 400 jours.

Même les activités de formation ou administra­tives étaient comptabili­sées, ce qui gonflait le nombre de jours travaillés sans que plus de patients soient soignés.

Au total, Québec a versé 31,5 M$ en 2013 pour ce supplément de revenu après 180 jours. La Régie ne payait pas la prime au-delà du 365e jour déclaré dans l’année, ce qui équivaut à une prime maximale de 34 000 $.

Cette prime n’a pas eu l’effet escompté. Le vérificate­ur général a constaté que plusieurs médecins ont réduit leur nombre d’heures de travail plutôt que de l’augmenter. L’incitatif permettait aux médecins d’atteindre le même salaire annuel en moins de jours qu’auparavant.

Les auteurs du rapport s’inquiétaie­nt également que plusieurs des mesures incitative­s mises en place par Québec et les fédération­s médicales ne comportaie­nt aucun objectif à atteindre. Il devenait donc pratiqueme­nt impossible de savoir si les sommes ajoutées à la rémunérati­on avaient un réel impact sur le terrain.

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