Le Journal de Montreal

Fausses nouvelles albertaine­s

Jason Kenney m’a fait sursauter en fin de semaine.

- ANTOINE ROBITAILLE antoine.robitaille@quebecorme­dia.com

J’ai soumis l’affirmatio­n au directeur de la recherche à QMI, Jean-François Gibeault, aussi collaborat­eur précieux de Là-haut sur la colline à QUB. Conclusion : c’est faux.

LA VÉRITÉ

Certes, le Québec reçoit 13,1 milliards $ de péréquatio­n. Mais non, l’argent ne vient pas « en grande partie » de l’Alberta.

La péréquatio­n n’est pas financée par les provinces, mais par les citoyens canadiens (dont les Albertains) qui paient des impôts au fédéral.

Ottawa constitue une cagnotte qu’il redistribu­e aux provinces moins riches, selon une formule complexe.

La part des quatre millions d’Albertains dans les revenus totaux du fédéral ? 14 %. Celle des Québécois ? 18 %.

Autrement dit, dans le 13,1 milliards $ que Québec reçoit, il se paie à lui-même 2,4 milliards $. La part de l’Alberta dans ce 13,1 milliards ? 1,8 milliard $ !

Legault redonnerai­t ce dernier montant à Kenney que le Québec serait toujours en surplus et l’Alberta, toujours en déficit !

PROBLÈME ALBERTAIN

Le problème albertain ? Pas sorcier : sa fiscalité dépend des redevances de l’industrie des hydrocarbu­res, en mauvais état et qui ne s’améliorera sans doute pas. Mais surtout, ses citoyens ne sont à peu près pas imposés ni taxés.

Contrairem­ent au Québec d’ailleurs, qui utilise à fond sa capacité fiscale. L’Alberta n’a pas de taxe de vente !

Que fait Kenney devant le problème de déficit ? Il blâme le Québec, compresse les dépenses de l’État. Pas un mot sur la réelle solution : hausser ne serait-ce qu’un peu les taxes et les impôts.

Si l’Alberta avait une taxe de vente et des taux d’imposition semblables à ceux du Québec, son surplus serait de 30 milliards $ !

PLUS D’ÉTAT

Kenney peste contre le Québec… mais veut calquer son autonomism­e et donc augmenter la taille de son État !

Officielle­ment, il refuse le Wexit. Mais il se sert du sentiment d’aliénation pour raffermir son rapport de force face à Ottawa.

Il revient donc à l’« Alberta Agenda », projet de 2001 s’inspirant du Québec pour rendre l’Alberta plus autonome : impôts perçus par la province, création d’une police albertaine, retrait du régime de pension du Canada, relations internatio­nales.

Dans un discours de plus d’une heure prononcé samedi à Red Deer, il a annoncé la création d’une sorte de commission « Bélanger-Campeau » albertaine : le « Fair Deal Panel for Alberta », dirigé par l’ancien chef réformiste Preston Manning, assisté de Stephen Lougheed, fils de Peter, célèbre PM albertain.

On sait déjà à quelles solutions ils vont aboutir le 20 janvier, Kenney l’a précisé dans son discours : une modificati­on rétroactiv­e de la formule de péréquatio­n, ce qui retournera­it 1,75 G$ dans les coffres d’Edmonton.

À Ottawa aussi, on a dû sursauter.

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Kenney peste contre le Québec… mais veut calquer son autonomism­e et donc augmenter la taille de son État !
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