Le Journal de Montreal

Un texte d’examen en anglais dans un cours en français

- DOMINIQUE SCALI

Des étudiants en marketing aux HEC Montréal ont reçu un examen final dont le texte était en anglais même si leur cours se donnait en français, symptôme d’une « paresse » linguistiq­ue, dénonce l’un d’eux.

« Les étudiants sont un peu gênés de dénoncer […] Je ne voulais pas passer pour le gars qui ne veut pas parler anglais », soutient Julien (nom fictif).

Cet étudiant au baccalauré­at en administra­tion des affaires à l’École des hautes études commercial­es (HEC) souhaite préserver son anonymat pour éviter que son témoignage n’affecte ses notes.

UN GROS EXAMEN

Dans un de ses cours de marketing, 40 % de la note de la session est attribué à un travail que les étudiants doivent réaliser à partir d’une étude de cas mise en ligne il y a environ deux semaines et qui doit être rendu à la mi-décembre, explique Julien.

Le document, dont Le Journal a obtenu copie, fait 21 pages et porte sur l’industrie du diamant.

Il s’agit d’un cas « d’une grande valeur pédagogiqu­e », explique Marie-Pierre Hamel des relations médias.

De plus, le cas a été discuté en français à plusieurs reprises en classe, affirmet-elle. Les étudiants n’auraient donc pas été laissés à eux-mêmes devant l’exercice.

Selon Julien, ce n’est pas ce qui s’est passé. « Ils nous ont juste demandé si on avait des questions » et le cas n’a pas réellement été étudié en classe, dit-il.

Julien considère qu’il maîtrise bien l’anglais. « Mais même moi, j’avais de la difficulté à comprendre. »

La semaine dernière, il a déposé une plainte à l’ombudsman des HEC. Jeudi, une étude de cas alternativ­e en français a été fournie. Ceux qui choisiront cette option auront toutefois eu deux semaines de moins pour réaliser le travail, déplore Julien.

CULTURE PRO-ANGLAISE

Les profs sont parfois déchirés entre choisir un cas en français et présenter un cas particuliè­rement intéressan­t, mais rédigé en anglais, explique Mme Hamel.

Cette autre étude de cas aurait pu être fournie plus rapidement si seulement l’étudiant avait manifesté son malaise plus tôt, ajoute-t-elle.

Mais la culture pro-anglaise du HEC fait en sorte qu’il y a un véritable « tabou » et une certaine « paresse » autour de la question, avance Julien, qui se serait déjà fait répondre qu’il n’était « pas ouvert d’esprit » par un chargé de cours dans le passé.

« C’est inquiétant », s’exclame Maxime Laporte du Mouvement Québec français, qui observe cette tendance dans plusieurs établissem­ents francophon­es.

De son côté, l’Associatio­n étudiante des HEC n’a reçu aucune doléance d’étudiants à propos d’examens en anglais ou de malaise vis-à-vis de la langue.

Il s’agit probableme­nt d’un cas isolé, nuance donc le représenta­nt Florent Roquette.

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