Trump annonce de nouvelles négociations, mais la paix est encore loin
WASHINGTON | (AFP) Près de trois mois après les avoir brutalement interrompues, le président américain Donald Trump a annoncé la relance des négociations avec les talibans, mais il reste de nombreux obstacles à surmonter avant un accord de paix en Afghanistan.
Dans ce pays déchiré par 18 ans de guerre, la question clé est la réduction du niveau de violence, que les talibans utilisent comme moyen de pression même s’ils sont prêts, selon M. Trump, à suspendre leurs attaques.
« Les talibans veulent un accord, et nous les rencontrons », a affirmé Donald Trump jeudi lors d’une visite surprise sur la base américaine de Bagram, assurant que les insurgés « veulent un cessez-le-feu ».
L’annonce intervient après l’échange de prisonniers entre le gouvernement afghan et les talibans, qui ont libéré deux otages occidentaux détenus depuis trois ans, un geste salué par Washington.
MÉFIANCE
« Les diplomates américains étudient dans l’ombre les moyens de reprendre les négociations », que M. Trump avait annoncées « mortes » en septembre après une attaque des talibans, explique Laurel Miller, ancienne représentante spéciale pour l’Afghanistan et le Pakistan sous les administrations Obama et Trump.
Avec ses dernières déclarations, le président a « publiquement validé » les efforts des diplomates, ajoute Mme Miller, aujourd’hui spécialiste de l’Asie pour International Crisis Group.
Reste à savoir si les talibans accepteront de revenir à la table après des discussions brusquement annulées. « N’importe qui serait méfiant sur votre fiabilité à penser ce que vous dites et à ne pas changer d’avis », dit l’experte.
M. Trump, qui briguera un nouveau mandat dans moins d’un an, martèle que l’une de ses priorités est d’en finir avec la plus longue guerre menée par les États-Unis.
Selon une étude de l’Université Brown, Washington a dépensé 6400 milliards de dollars dans l’effort de guerre depuis les attentats du 11 septembre 2001, qui avaient entraîné l’intervention en Afghanistan.
RÉDUIRE LA VIOLENCE
Ces nouvelles discussions seront d’abord focalisées sur « la réduction de la violence » pour être ensuite étendues à un accord plus large, a expliqué un haut responsable américain.
Avant la fin des discussions en septembre, le négociateur américain Zalmay Khalilzad avait mis un an pour parvenir à un « accord de principe » avec les insurgés.
Cet accord prévoyait un retrait progressif des soldats américains en échange de garanties de sécurité, d’une « réduction de la violence » et de l’ouverture de négociations directes entre talibans et gouvernement afghan.
Un cessez-le-feu ne semblait pas à l’ordre du jour, alors qu’il a été longtemps considéré par le président afghan Ashraf Ghani comme condition préalable à des discussions directes.
Une condition que les talibans ont toujours refusée, poursuivant leurs campagnes d’attaques sanglantes.