#LuiAussi : le point de bascule
Mike Babcock a eu ce qu’il méritait. Le jour où il a demandé à Mitch Marner de dresser la liste des plus et moins travaillants chez ses coéquipiers, il a commencé à creuser son trou.
Il était évident qu’avant longtemps, Marner, Matthews et Nylander allaient être en contrôle du vestiaire et qu’à partir de ce moment, le coach serait sur la corde raide. Babcock a perdu son job par sa faute, en raison d’une gestion passéiste.
Mais lier son congédiement à l’affaire Bill Peters et au mouvement de dénonciation lancé sur la planète hockey est un raccourci gênant. Babcock n’a pas, à l’instar de Peters, tenu des propos racistes à répétition à l’endroit d’Akim Aliu, que Peters dirigeait à Rockford, dans la Ligue américaine.
Babcock n’a pas abusé physiquement de Michal Jordan comme l’a fait Peters chez les Hurricanes de la Caroline.
L’actuel coach des Hurricanes Rob Brind’Amour a d’ailleurs confirmé avoir été témoin des gestes reprochés à Peters.
La preuve, accablante à l’endroit de Peters, n’a pas eu pour effet de le faire congédier sur-le-champ.
Pourquoi ? Certains avancent des avocasseries afin d’éviter aux Flames de verser son plein salaire à Peters tout en leur permettant de se protéger contre d’éventuelles poursuites du coach déchu.
LA LIGNE À TRACER
Je suggère plutôt que les penseurs de la LNH doivent réfléchir à la ligne de communication entourant cette affaire. À la ligne à tracer afin d’empêcher un mouvement incontrôlable qui risquerait d’emporter plusieurs coachs du circuit.
Ce qui nous amène au coeur du problème. On trace la ligne à quel endroit ? La fameuse mind game, traduite selon les besoins par chantage psychologique, existe depuis aussi longtemps que le hockey. Les plus grands coachs sont parvenus à sortir le meilleur de leurs joueurs en usant de stratagèmes psychologiques. En leur jouant dans la tête.
Daniel Carcillo a publié la liste des entraîneurs à qui il n’a rien à reprocher, et des autres comme Michel Therrien, à qui il reproche essentiellement d’avoir joué la
mind game avec lui. Therrien s’est ainsi retrouvé à la une. Le méritait-il vraiment ?
TOLÉRANCE ZÉRO
Selon moi, tout abus ou menace physique, propos homophobe ou raciste sont à proscrire et doivent être soumis à la règle de tolérance zéro.
En ce qui a trait aux abus psychologiques, s’il est démontré qu’il y a eu harcèlement, donc des propos ou gestes hostiles de façon répétés sur une période de temps de moyenne à longue, il faut agir contre les fautifs sans délai.
Je laisse aux spécialistes qualifiés le soin de tracer la ligne entre le harcèlement et les abus de Bill Peters d’un côté, et la mind
game de Mike Babcock de l’autre. Entre-temps, la vague de dénonciation force tous les entraîneurs à réfléchir à leurs interventions auprès des athlètes.
Désormais rien ne sera plus pareil. Nous avons atteint cette semaine le point de bascule providentiel dans l’univers rétrograde et machiste du hockey.