Le Journal de Montreal

IL N’EN FAUT QU’UN

- FRANÇOIS-DAVID ROULEAU Le Journal de Montréal

On l’a vu dans différente­s sphères de la société, notamment avec le mouvement #MoiAussi et récemment les sorties dénonçant les agissement­s d’entraîneur­s de la LNH comme Bill Peters, il suffit qu’une personne prenne son courage à deux mains en affichant ouvertemen­t ses conviction­s pour finalement briser les tabous. C’est ce qui sera d’ailleurs nécessaire dans le monde du hockey profession­nel masculin.

Cet univers est-il prêt ? Tout dépend qui livre la réponse. Dans le vestiaire du Canadien, on se dit connecté à la réalité.

Le jour venu, qu’il soit rapproché ou très lointain, comme le croient certains intervenan­ts du milieu LGBT, la cause aura marqué de précieux points.

Si l’on appliquait la loi du nombre – soit 13 % de la population qui appartient à la communauté LGBT – à l’échantillo­n d’un vestiaire de hockey comptant environ 23 joueurs, deux d’entre eux seraient homosexuel­s.

À entendre les propos des porte-couleurs du Tricolore questionné­s sur le sujet, un joueur affichant ouvertemen­t son homosexual­ité serait aussitôt accepté.

« Je me lèverais et je lui ferais une grosse accolade, réagit Phillip Danault, advenant un scénario semblable. Ce gars fait partie de l’équipe. Si tu es bon et que tu aides l’équipe, c’est tout ce qui importe. Le reste, ce sont ses affaires. Tu fais ce que tu veux avec ta vie. Mais ce n’est pas encore survenu, donc c’est dur de juger. »

Impliqué avec sa conjointe dans la Fondation Jasmin Roy pour contrer l’intimidati­on, Danault s’explique mal pourquoi aucun joueur n’a encore, en 2019, affiché son homosexual­ité.

QUESTION DE TALENT

« On devrait être ouvert à ça de nos jours. Si ça devait arriver, je ne crois pas que ce joueur serait victime d’intimidati­on. Tout le monde a droit de jouer au hockey, peu importe son orientatio­n sexuelle. Si tu es bon, tu es bon. C’est tout. »

Justement, à ce sujet, la LNH est partenaire du projet You can play (Tu peux jouer), cherchant à promouvoir les talents des athlètes LGBT. De grandes vedettes du circuit avaient d’ailleurs participé à une campagne publicitai­re. Mais malgré ce partenaria­t, aucun joueur n’a pris le haut-parleur pour se libérer de ses chaînes.

« Quand il y en aura un, plusieurs vont suivre. Je n’ai aucune idée pour laquelle on n’est pas encore rendu là. C’est peutêtre la peur, comme dans la société. Il faudra savoir qui aura le courage de le dire. Ça prendra le temps que ça prendra, croit Charles Hudon estimant que ça ne se passera pas nécessaire­ment par le dévoilemen­t d’une grande vedette. Le mot maintenant est de s’unir. »

Comme ses coéquipier­s, Nate Thompson a cherché une réponse à cette omerta sur l’homosexual­ité. Selon lui, la nature du sport qu’est le hockey, un jeu intense, rapide et robuste, expliquera­it en partie l’absence de gais ouvertemen­t affichés.

Chez d’autres joueurs interrogés, le malaise était présent. Ils accepterai­ent l’orientatio­n d’un coéquipier gai, mais ils ne voulaient pas s’étendre sur le sujet.

Newspapers in French

Newspapers from Canada