IL N’EN FAUT QU’UN
On l’a vu dans différentes sphères de la société, notamment avec le mouvement #MoiAussi et récemment les sorties dénonçant les agissements d’entraîneurs de la LNH comme Bill Peters, il suffit qu’une personne prenne son courage à deux mains en affichant ouvertement ses convictions pour finalement briser les tabous. C’est ce qui sera d’ailleurs nécessaire dans le monde du hockey professionnel masculin.
Cet univers est-il prêt ? Tout dépend qui livre la réponse. Dans le vestiaire du Canadien, on se dit connecté à la réalité.
Le jour venu, qu’il soit rapproché ou très lointain, comme le croient certains intervenants du milieu LGBT, la cause aura marqué de précieux points.
Si l’on appliquait la loi du nombre – soit 13 % de la population qui appartient à la communauté LGBT – à l’échantillon d’un vestiaire de hockey comptant environ 23 joueurs, deux d’entre eux seraient homosexuels.
À entendre les propos des porte-couleurs du Tricolore questionnés sur le sujet, un joueur affichant ouvertement son homosexualité serait aussitôt accepté.
« Je me lèverais et je lui ferais une grosse accolade, réagit Phillip Danault, advenant un scénario semblable. Ce gars fait partie de l’équipe. Si tu es bon et que tu aides l’équipe, c’est tout ce qui importe. Le reste, ce sont ses affaires. Tu fais ce que tu veux avec ta vie. Mais ce n’est pas encore survenu, donc c’est dur de juger. »
Impliqué avec sa conjointe dans la Fondation Jasmin Roy pour contrer l’intimidation, Danault s’explique mal pourquoi aucun joueur n’a encore, en 2019, affiché son homosexualité.
QUESTION DE TALENT
« On devrait être ouvert à ça de nos jours. Si ça devait arriver, je ne crois pas que ce joueur serait victime d’intimidation. Tout le monde a droit de jouer au hockey, peu importe son orientation sexuelle. Si tu es bon, tu es bon. C’est tout. »
Justement, à ce sujet, la LNH est partenaire du projet You can play (Tu peux jouer), cherchant à promouvoir les talents des athlètes LGBT. De grandes vedettes du circuit avaient d’ailleurs participé à une campagne publicitaire. Mais malgré ce partenariat, aucun joueur n’a pris le haut-parleur pour se libérer de ses chaînes.
« Quand il y en aura un, plusieurs vont suivre. Je n’ai aucune idée pour laquelle on n’est pas encore rendu là. C’est peutêtre la peur, comme dans la société. Il faudra savoir qui aura le courage de le dire. Ça prendra le temps que ça prendra, croit Charles Hudon estimant que ça ne se passera pas nécessairement par le dévoilement d’une grande vedette. Le mot maintenant est de s’unir. »
Comme ses coéquipiers, Nate Thompson a cherché une réponse à cette omerta sur l’homosexualité. Selon lui, la nature du sport qu’est le hockey, un jeu intense, rapide et robuste, expliquerait en partie l’absence de gais ouvertement affichés.
Chez d’autres joueurs interrogés, le malaise était présent. Ils accepteraient l’orientation d’un coéquipier gai, mais ils ne voulaient pas s’étendre sur le sujet.