LEJEUNE PRINCE DEMONACO
L’ascension rapide et la renommée n’ont pas transformé Félix Auger-Aliassime
MONACO | Félix Auger-Aliassime fréquente déjà les têtes couronnées du tennis mondial grâce à son ascension fulgurante de la dernière année. Pour nourrir ses ambitions de régner un jour avec eux, le jeune prince venu du Québec a choisi Monaco.
Depuis novembre 2018, l’étoile montante loue un appartement dans la célèbre principauté de la Côte d’Azur et son arrivée ici coïncide avec l’amorce de son bond spectaculaire dans la hiérarchie de son sport. Le 3 décembre 2018, il occupait le 109e rang mondial. Aujourd’hui, son nom apparaît au 21e.
RIGUEUR D’ENTRAÎNEMENT
Le jeune homme de 19 ans qui nous attendait au Monte-Carlo Country Club, jeudi, n’a pas changé de l’adolescent qu’il était quand il frappait des balles à Montréal ou Québec. Une brèche d’une heure de disponibilité s’est ouverte au milieu de sa longue journée, marquée par une séance sur le court le matin, un séjour dans la salle d’entraînement en fin d’après-midi et un retour sur le terrain avant de mettre un terme à sa journée de sport par des exercices d’étirement.
« J’ai rencontré quelqu’un que je ne connaissais pas au gala des prix Gémeaux à Montréal qui me disait quelque chose qui m’a marqué : “J’aime ce que tu fais parce que tu respectes les étapes. Tu as des semaines plus difficiles, d’autres où ça va mieux, mais tu progresses étape par étape et j’ai l’impression que ton cheminement est solide” », rapporte-t-il au sujet de cet entretien.
« Je suis content que c’est ce que les gens perçoivent. Pour moi, c’est la réalité. Oui, j’étais 109e, mais si je suis passé au 20e du jour au lendemain, c’est la récompense de beaucoup de travail. Jamais je n’ai été surpris de ce que je pouvais faire et des choses qui me sont arrivées. Il n’y a pas eu une fois où j’ai eu le vertige en me disant : non, je ne suis pas à ma place. »
NON AU LUXE
Auger-Aliassime a choisi comme résidence ce caillou à la superficie d’à peine deux kilomètres carrés reconnu pour son climat, sa position géographique permettant de rayonner sur l’Europe et pour ses avantages qui exemptent ses résidents d’impôt sur le revenu. Huit joueurs du top 20 mondial l’ont aussi compris, dont Novak Djokovic, Daniil Medvedev, Stefanos Tsitsipas et Alexander Zverev.
Aux abords du Casino ou plus bas, devant le port où baignent les yachts de millardaires, une enseigne d’Aston Martin relance celles de Rolex, Chanel et d’autres boutiques de luxe. Ces décors de magazines n’exercent
toutefois pas d’emprise sur lui. S’il vit ici, dit-il, c’est d’abord pour le tennis. Il ne possède pas de voiture et, six jours par semaine, il gagne son centre d’entraînement au bout d’une marche de 10 minutes.
« Le fait d’être ici ne m’a pas donné envie de m’acheter une grosse voiture et de faire des dépenses inappropriées que je ne ferais pas en temps normal. Ça ne change pas mes habitudes », assure le Québécois, dont les bourses en carrière frôlent les 1,9 M$.
« Quand je vois ces chiffres, je me dis que c’est bien, mais c’est mon agent qui gère tout ce qui se rapporte à l’argent et aux paiements. Moi, honnêtement, je veux juste bien vivre et me concentrer sur ma carrière, sur ce que j’ai à faire. Le souci de faire tant d’argent, tout le monde en serait content parce que ça apporte un certain confort et une liberté, mais ce n’est pas ma priorité. »
LES CHOSES SIMPLEMENT
Le dimanche, quand le temps le permet pour sa seule journée de congé de la semaine, il s’offre une sortie dans les montagnes environnantes pour leurs vues sur la Méditerranée, « des coins de nature qui me permettent de m’évader de la ville », avoue-t-il.
Parce que le luxe et les vitrines des hôtels qui brillent, très peu pour lui. À peine s’offre-t-il une petite folie de temps en temps.
« Parfois, je m’achète un beau vêtement, mais pour moi, l’argent, c’est surtout synonyme de liberté et de confort », prétend-il.
« L’argent que tu dépenses, il faut que ce soit en conséquence avec ce que tu veux et en raison de tes valeurs. Il faut qu’il y ait une raison. Il ne faut pas dépenser de l’argent juste pour dire que tu le dépenses. Argent ou non, ça ne change rien pour moi. Oui, tu as la liberté de te permettre plus de choses, mais ensuite, tu demeures la même personne. »
Son univers monégasque tourne donc principalement autour du tennis. À l’occasion, il rejoint pour un repas son ami canadien Milos Raonic ou l’Italien Matteo Berrettini, qui habitent également le Rocher. Rien de compliqué dans la vie rangée de ce joueur voué à une grande carrière, simplement heureux de la visite de sa soeur Malika depuis quelques jours.
« Une carrière, ça peut finir tôt ou plus tard. C’est pour ça que je reste simple et tranquille. Tu ne sais pas où la vie peut te mener. Dans mon cas, j’espère qu’elle va m’amener vers de belles choses, mais on ne sait jamais ce qui peut se produire. »