Le Journal de Montreal

Il faut échanger Price et Weber

- MARC DE FOY

Mon opinion n’est pas basée sur la série de huit défaites que connaît le Canadien. J’en ai fait part il y a deux ou trois ans. L’organisati­on doit se mettre en mode reconstruc­tion total avec tout ce que ça pourrait impliquer. Voilà tout.

Qu’on efface tout et qu’on recommence. Qu’on cesse de jouer avec les mots. Qu’on arrête de parler de période de réinitiali­sation et qu’on dise aux partisans ce qu’il en est vraiment. Qu’on échange Carey Price et Shea Weber.

On efface tout et on recommence. Vient un moment où il faut donner le grand coup et procéder à une refonte en profondeur.

Non, ce ne serait pas facile. Oui, ça demanderai­t du temps. Mais ce serait la seule façon de bâtir sur du solide et de créer un véritable espoir chez les amateurs.

LE PUBLIC MÉRITE MIEUX

Le Canadien est chanceux de miser sur une bonne clientèle. N’empêche que les billets s’envolent moins rapidement depuis quelques années.

Les billets coûtent une fortune. Le marché est en mutation. Les habitudes des consommate­urs changent.

Mais au bout du compte, les amateurs méritent mieux. Beaucoup mieux.

Les Maple Leafs de Toronto et les Rangers de New York, qui évoluent dans des marchés établis, ont décidé à un certain moment de procéder à un remaniemen­t majeur.

Dans le cas des Leafs, ils ont attendu près de 50 ans après leur dernière conquête de la coupe Stanley avant d’entreprend­re une période de grande reconstruc­tion et ce n’est pas terminé. Il leur reste à dénicher des défenseurs de bon calibre.

Il y a trois ans, les Rangers ont publié dans les quotidiens de New York une lettre signée de la main de leur ancien président Glen Sather qui disait que le moment était venu de rebâtir. Ils s’en vont dans la bonne direction.

Les Sénateurs d’Ottawa en sont là aussi. On observe déjà des choses positives de leur part cette saison.

ROY NE SOLUTIONNE­RAIT RIEN

Certains estiment qu’un changement d’entraîneur serait de mise, le coach étant la première personne visée quand une équipe ne performe pas.

Or, ce n’est pas en remplaçant Claude Julien que le Canadien va se sortir du gouffre dans lequel il s’est enfoncé.

L’arrivée d’un nouvel entraîneur, même s’il s’agissait de Patrick Roy, créerait probableme­nt un impact positif au début. Mais l’effet ne durerait pas.

C’est arrivé avec Mario Tremblay, Alain Vigneault, Michel Therrien, Julien une première fois, Guy Carbonneau, Jacques Martin et Therrien une deuxième fois, quoiqu’en 2014, on avait de bonnes raisons de croire que l’organisati­on était sortie des ténèbres.

Le rendement des Carey Price, Max Pacioretty, P.K. Subban et Brendan Gallagher, l’émergence d’Alex Galchenyuk et l’arrivée de Nathan Beaulieu, combinée à l’expérience des vétérans Andrei Markov et Tomas Plekanec, permettaie­nt de croire que l’avenir s’annonçait bien.

Mais tout s’est effondré en deux ans.

QUE DU RAPIÉÇAGE

Ce n’est pas en rapiéçant avec des joueurs comme Jordan Weal, Nick Cousins, Nate Thompson, Brett Kulak, Mike Reilly et Keith Kinkaid – qui a été soumis au ballottage hier – que le Canadien va aller de l’avant.

Le Rocket de Laval ne regorge pas de jeunes talents. Ryan Poehling aura besoin de plus de temps que l’on pensait pour s’acclimater aux rangs profession­nels et Jesperi Kotkaniemi fait son apprentiss­age à la dure avec le grand club.

Quand on parle de vraie profondeur, les Bruins de Boston en sont un exemple parfait. Ils ont remporté quatre victoires en autant de matchs en l’absence de Patrice Bergeron, qui est remplacé par David Krejci entre David Pastrnak et de Brad Marchand.

L’été dernier, Geoff Molson s’est dit optimiste que le Canadien rejoigne le groupe des formations compétitiv­es dans trois ans. Il a parlé d’une fenêtre de trois à huit ans, où le produit devrait être de bonne qualité.

C’est en espérant que les Kotkaniemi, Poehling, Caufield, Romanov, Fleury, Primeau et Ylönen répondent aux espoirs fondés en eux. Mais il en faudra d’autres.

Une équipe ne peut espérer remporter les grands honneurs sans compter sur des joueurs d’impact. Ces joueurs sont disponible­s via le repêchage.

ÉCHANGER PRICE ET WEBER

Carey Price et Shea Weber ont encore du jus. Mais ce n’est pas dans le contexte actuel chez le Canadien qu’ils peuvent rêver à la coupe Stanley.

Leurs contrats en font-ils des joueurs difficiles à échanger ?

Leurs salaires applicable­s sur la masse salariale prennent de la place. Dans le cas de Price, le Canadien devrait probableme­nt payer une partie de son salaire.

Mais si Bergevin peut obtenir des jeunes et des choix au repêchage en retour de leurs services, pourquoi ne pas les échanger ?

C’est le temps ou jamais.

À GEOFF MOLSON D’Y VOIR

Bergevin sera-t-il en poste encore longtemps ?

Si on ne s’en tenait qu’à ceux qui veulent sa tête, il serait parti depuis un bon moment. Mais ça ne marche pas comme ça.

La réponse appartient à Geoff Molson et à personne d’autre. Il réitère constammen­t sa confiance en son directeur général. Mais il a des yeux pour voir et des amateurs à satisfaire.

C’est à lui d’intervenir… ou non.

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PHOTO D’ARCHIVES, MARTIN CHEVALIER Si Marc Bergevin peut obtenir des jeunes et des choix au repêchage en retour des services de Carey Price et Shea Weber, pourquoi ne pas les échanger ?

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