Le Journal de Montreal

Le jupon de la juge

- JOSEPH FACAL joseph.facal@quebecorme­dia.com

La juge en chef de la Cour d’appel, Nicole Duval Hesler, au bord de la retraite, n’aura qu’elle-même à blâmer si elle rate sa sortie.

Elle fait l’objet d’une plainte pour absence d’impartiali­té au Conseil de la magistratu­re, déposée par l’historien Frédéric Bastien.

Cette plainte survient au moment où la juge et ses deux collègues s’apprêtent à trancher sur la demande de suspension de la Loi sur la laïcité de l’État.

FAITS

Un tribunal d’appel existe pour déterminer s’il y a eu des erreurs de droit lors du premier jugement.

En première instance, le juge Yergeau avait refusé de suspendre l’applicatio­n de la loi tant que la cause n’aurait pas été entendue sur le fond.

Or, lors d’une séance de travail avec les parties au mois d’août, la juge Duval Hesler a elle-même suggéré une possible violation de l’article 28 de la charte canadienne par la loi québécoise.

Cet article 28 n’est pas couvert par la clause dérogatoir­e invoquée par le gouverneme­nt Legault pour protéger sa loi des contestati­ons basées sur la loi fédérale.

Un juge qui indique à l’une des parties le chemin à emprunter ? Hmm…

Puis, la semaine dernière, pendant l’audience sur la cause, la juge associe l’opposition aux signes religieux à des « allergies visuelles ».

Vous êtes contre ? C’est une maladie bénigne, mais une maladie tout de même.

Elle se demande aussi à voix haute : « Est-ce qu’on ne devrait pas empêcher un préjudice irréparabl­e pour être sûr de ne pas se tromper ? »

M. Bastien trouve que la juge semble déjà avoir sa réponse à sa propre question.

Elle dit également que « c’est écrit en toutes lettres dans la loi » que les femmes voilées sont visées par la loi.

Faux : la loi s’applique à tous les signes religieux visibles et ne cible personne nommément. Admirons cependant sa constance : dans un texte de septembre 2011, déterré par M. Bastien, intitulé « L’évolution du droit à l’égalité et l’éliminatio­n des préjugés inconscien­ts chez les juges », elle écrivait : « […] le discours sur les conséquenc­es négatives du multicultu­ralisme ne peut mener nulle part ».

La juge ne fait pas que constater que le multicultu­ralisme est la doctrine officielle des tribunaux canadiens.

Elle dit que vous perdez votre temps si vous contestez une vérité d’État.

Le 10 décembre, elle doit prendre la parole devant un regroupeme­nt de juristes opposés à la Loi sur la laïcité.

L’activité servira à financer cette organisati­on : la juge participer­a donc à une collecte de fonds d’un groupe opposé à une loi sur laquelle elle doit se prononcer.

L’idée de se garder une petite gêne ne semble pas l’effleurer.

TANNÉS ?

Évidemment, tout ce beau monde invoque des textes qu’aucun gouverneme­nt du Québec n’a jamais voulu signer, mais il paraît que ça aussi c’est un détail.

Vous commencez à en avoir assez ? La Presse nous explique que c’est de notre faute : on l’a bien cherché…

C’est tellement plus reposant de vivre couché…

L’idée de se garder une petite gêne ne semble pas l’effleurer.

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