Le Journal de Montreal

L’Ouest s’impose

Plusieurs des premiers ministres provinciau­x réunis à Toronto hier avaient de quoi pavoiser à l’issue de leur rencontre. François Legault ne fait pas partie de ce groupe.

- c guillaume.st-pierre2 @quebecorme­dia.com

Si on en croit le communiqué final, signé par tous les participan­ts, les discussion­s ont principale­ment porté sur les revendicat­ions de l’Ouest, dont certaines se résument ainsi : plus de pipelines, moins d’évaluation­s environnem­entales.

D’épineux sujets ont été mis de côté, comme la loi québécoise sur la laïcité de l’État et la réforme de la péréquatio­n, dont la formule actuelle profite au Québec.

L’autre sujet qui fâche, la question des pipelines, n’apparaît pas en toutes lettres dans le texte. Mais il faut faire preuve d’aveuglemen­t volontaire pour ne pas voir que c’est bien de cela qu’il s’agit, lorsque les provinces sont invitées à « poursuivre l’exploitati­on des ressources naturelles » et à en « assurer un accès aux marchés ».

CONTORSION

On comprend François Legault d’avoir fait profil bas à l’issue de la rencontre, en conférence de presse.

À pareille date l’an dernier, M. Legault, fraîchemen­t élu, avait soulevé l’ire de ses homologues canadiens réunis à Montréal, en déclarant que le Québec ne voulait rien savoir d’accueillir sur son territoire un autre pipeline transporta­nt du pétrole « sale » de l’Ouest.

Interrogé sur cette apparente contradict­ion, le premier ministre du Québec s’est montré laconique : « la position du Québec n’a pas changé », a-t-il lancé en conférence de presse.

C’est-à-dire qu’il n’existe pas, pour l’instant, d’acceptabil­ité sociale pour le passage d’un oléoduc au Québec, selon François Legault.

De toute façon, il s’agit ici moins de contradict­ion que de contorsion afin de monter un front uni face à Ottawa.

Le gouverneme­nt caquiste dira aussi que l’hydroélect­ricité fait partie de ces ressources dont on doit assurer le développem­ent et l’exportatio­n.

Or, M. Legault a de nouveau reçu une fin de non-recevoir de la part de son principal potentiel client canadien, soit l’Ontario.

Cette province a d’ailleurs préféré annoncer dans les dernières heures son intention de poursuivre sur la voie du nucléaire, en collaborat­ion avec le Nouveau-Brunswick et la Saskatchew­an.

EN POSITION DE FORCE ?

Avec quatre priorités en poche, les provinces et territoire­s invitent donc Justin Trudeau à s’asseoir avec eux en début d’année.

Le gouverneme­nt Trudeau aura fort à faire s’il souhaite conserver un semblant de contrôle des finances publiques.

L’opposition à Ottawa et les provinces semblent déterminée­s à profiter du statut minoritair­e d’un gouverneme­nt dépensier.

M. Legault et sa bande souhaitent arracher une hausse des transferts en santé de 2,2 % au fédéral.

Ottawa, de son côté, est selon toute vraisembla­nce sur le point d’injecter des fonds afin de poser les premiers jalons d’un régime national d’assurance-médicament­s.

Or pour les provinces, pas question d’inclure dans la hausse demandée l’argent prévu pour ce projet.

Justin Trudeau a bien fait d’envoyer sa plus compétente ministre, Chrystia Freeland, sur le front des relations intergouve­rnementale­s. Il en aura besoin.

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