Le Journal de Montreal

Le Québec attire les Canadiens

Les départs vers les autres provinces sont moins nombreux que les arrivées

- PHILIPPE ORFALI

La nouvelle est passée inaperçue fin septembre, en pleine campagne électorale : pour la première fois en 10 ans, le Québec attire plus de résidents qu’il n’en perd face aux autres provinces.

Alors que le Manitoba chante la pomme aux Québécois refroidis par la Loi sur la laïcité de l’État, moins de gens quittent le Québec pour aller ailleurs au pays. Et plus de travailleu­rs, d’étudiants et de retraités canadiens qu’auparavant choisissen­t le Québec, révèlent des données de Statistiqu­e Canada pour le 2e trimestre.

Le Québec a en effet enregistré un modeste surplus migratoire de 72 personnes entre avril et juin. À la même période l’an dernier, on « perdait » 2170 personnes, une tendance lourde depuis des décennies.

Ce bond est une première depuis 2009. Avant cela, il faut remonter à 2003, puis 2002 et… 1986 pour trouver des trimestres où le Québec a recruté plus de gens qu’il n’en a perdu aux dépens d’autres provinces.

Voilà un an que, peu à peu, le Québec gagne du terrain. La vigueur de l’économie semble être la cause du revirement.

« Le Québec voit des signes d’améliorati­on au niveau du PIB, du taux de chômage, du fardeau fiscal. Pendant ce temps, d’autres provinces comme l’Ontario et l’Alberta sont devenues beaucoup moins attrayante­s », résume le Montréalai­s Vincent Geloso, professeur d’économie à l’Université Western, à London (Ontario).

BYE BYE ONTARIO

En regardant la provenance des résidents entrants, on remarque que cette situation est principale­ment attribuabl­e à l’Ontario, explique le démographe Patrick Charbonnea­u, de Statistiqu­e Canada. 6011 Ontariens ont quitté leur province pour le Québec au 2e trimestre, un bond de 32 % par rapport à la même période l’an dernier.

Arrivé au Québec en 2017, Dillon Da Fonte est du lot. Recruté par le départemen­t de physiologi­e de l’Université McGill, ce natif d’Oakville y réalise des recherches pour mieux comprendre la fibrose kystique.

« En plus de travailler pour une université reconnue mondialeme­nt pour ses recherches, c’est le faible coût de la vie, les loyers abordables et le fait de vivre dans une ville où tout se fait à pied ou en transport en commun qui m’a attiré vers Montréal », explique-t-il.

TENDANCE OU EXCEPTION ?

La tendance va-t-elle se poursuivre ? Difficile à dire.

« On sait que la tendance est généraleme­nt négative. Ces trimestres positifs restent des exceptions. Reste que le Québec est rendu très compétitif pour attirer des travailleu­rs », dit M. Geloso.

Le ministre de l’Économie Pierre Fitzgibbon, lui, croit que c’est possible.

« Maintenant, il faut continuer nos efforts pour réduire l’écart de productivi­té, notamment avec l’Ontario. Il n’y a aucune raison pour que le Québec ne fasse pas aussi bien sinon mieux que les autres provinces et nos voisins américains », dit-il.

 ?? PHOTO PHILIPPE ORFALI ?? Le coût de la vie dans la métropole et la réputation de l’Université McGill en recherche de pointe ont poussé Dillon Da Fonte à quitter l’Ontario pour le Québec, il y a 2 ans. Comme lui, de plus en plus de résidents d’autres provinces optent pour le Québec.
PHOTO PHILIPPE ORFALI Le coût de la vie dans la métropole et la réputation de l’Université McGill en recherche de pointe ont poussé Dillon Da Fonte à quitter l’Ontario pour le Québec, il y a 2 ans. Comme lui, de plus en plus de résidents d’autres provinces optent pour le Québec.

Newspapers in French

Newspapers from Canada