Le Québec attire les Canadiens
Les départs vers les autres provinces sont moins nombreux que les arrivées
La nouvelle est passée inaperçue fin septembre, en pleine campagne électorale : pour la première fois en 10 ans, le Québec attire plus de résidents qu’il n’en perd face aux autres provinces.
Alors que le Manitoba chante la pomme aux Québécois refroidis par la Loi sur la laïcité de l’État, moins de gens quittent le Québec pour aller ailleurs au pays. Et plus de travailleurs, d’étudiants et de retraités canadiens qu’auparavant choisissent le Québec, révèlent des données de Statistique Canada pour le 2e trimestre.
Le Québec a en effet enregistré un modeste surplus migratoire de 72 personnes entre avril et juin. À la même période l’an dernier, on « perdait » 2170 personnes, une tendance lourde depuis des décennies.
Ce bond est une première depuis 2009. Avant cela, il faut remonter à 2003, puis 2002 et… 1986 pour trouver des trimestres où le Québec a recruté plus de gens qu’il n’en a perdu aux dépens d’autres provinces.
Voilà un an que, peu à peu, le Québec gagne du terrain. La vigueur de l’économie semble être la cause du revirement.
« Le Québec voit des signes d’amélioration au niveau du PIB, du taux de chômage, du fardeau fiscal. Pendant ce temps, d’autres provinces comme l’Ontario et l’Alberta sont devenues beaucoup moins attrayantes », résume le Montréalais Vincent Geloso, professeur d’économie à l’Université Western, à London (Ontario).
BYE BYE ONTARIO
En regardant la provenance des résidents entrants, on remarque que cette situation est principalement attribuable à l’Ontario, explique le démographe Patrick Charbonneau, de Statistique Canada. 6011 Ontariens ont quitté leur province pour le Québec au 2e trimestre, un bond de 32 % par rapport à la même période l’an dernier.
Arrivé au Québec en 2017, Dillon Da Fonte est du lot. Recruté par le département de physiologie de l’Université McGill, ce natif d’Oakville y réalise des recherches pour mieux comprendre la fibrose kystique.
« En plus de travailler pour une université reconnue mondialement pour ses recherches, c’est le faible coût de la vie, les loyers abordables et le fait de vivre dans une ville où tout se fait à pied ou en transport en commun qui m’a attiré vers Montréal », explique-t-il.
TENDANCE OU EXCEPTION ?
La tendance va-t-elle se poursuivre ? Difficile à dire.
« On sait que la tendance est généralement négative. Ces trimestres positifs restent des exceptions. Reste que le Québec est rendu très compétitif pour attirer des travailleurs », dit M. Geloso.
Le ministre de l’Économie Pierre Fitzgibbon, lui, croit que c’est possible.
« Maintenant, il faut continuer nos efforts pour réduire l’écart de productivité, notamment avec l’Ontario. Il n’y a aucune raison pour que le Québec ne fasse pas aussi bien sinon mieux que les autres provinces et nos voisins américains », dit-il.