Quand la tragédie frappe Fleuve
Propose des moments magiques malgré les tragédies qui en assurent la trame
La pièce, Fleuve, tirée des quatre romans autobiographiques de l’auteure et comédienne Sylvie Drapeau, qu’elle a elle-même adaptés pour la scène, est empreinte de grâce et de candeur ponctuée de moments magiques, malgré les terribles tragédies qui se succèdent.
Certaines familles sont plus éprouvées que d’autres. C’est le cas de celle de l’auteur et actrice, Sylvie Drapeau qui nous est racontée ces jours-ci sur la scène du TNM.
Ses quatre romans, Le Fleuve, Le ciel,
L’Enfer et La Terre, très bien segmentés dans la pièce, sont chacun porteur d’une tragédie, un peu comme si la marée du fleuve transportait avec elle des évènements tout aussi bouleversants les uns que les autres.
La comédienne qui incarne son propre rôle lors des deux derniers tableaux correspondant à L’Enfer et La Terre est aussi présente dès le début de la pièce agissant en tant que narratrice.
EMPORTÉ PAR LE FLEUVE
C’est certainement la première tragédie qui est la plus marquante. Le frère aîné de Sylvie, Roch est mort noyé emporté par le courant sous le regard de ses jeunes frères et soeurs au moment où la marée montait. Un événement qui laissera des traces indélébiles.
Lors des deux premiers segments, Sylvie enfant est magnifiquement personnifiée par Alice Bouchard, (en alternance avec Marion Vigneault) dont la prestation est remarquable. Sylvie, la jeune adulte qui souhaite s’émanciper et quitter la maison familiale de la Côte-Nord pour aller étudier et voyager est campée par Karelle Tremblay. Les drames se succéderont tout au long de sa vie. Après la noyade, il y aura le suicide du frère cadet, Richard, atteint de schizophrénie et comme si ce n’était pas suffisant, la soeur aînée sera victime d’un AVC, tandis que la maman décédera des suites d’un cancer.
Quant à la mise en scène d’Angela Konrad, elle est originale et colorée principalement en raison des projections du fleuve omniprésentes. On aurait peut-être apprécié davantage de diversité d’images notamment lorsque la protagoniste se trouve à Paris souhaitant reprendre contact avec sa mère depuis une cabine téléphonique. Des images de la Ville Lumière auraient aidé les spectateurs à se transporter ailleurs. En revanche, l’idée des gros plans des visages d’enfants en arrière-plan est un très beau coup de chapeau. Une pièce d’une beauté magnifique, où l’on a réussi à intégrer la douceur à la douleur.