Le Journal de Montreal

La tempête parfaite

- – Propos recueillis par Gilles Moffet

Le Canadien connaît sa pire séquence depuis la saison 2002-2003, alors que j’étais son gardien numéro un. Je vous confesse que ce n’était pas facile à vivre, mais je crois que la situation est pire aujourd’hui, car tous les éléments sont réunis pour la tempête parfaite, la combinaiso­n pour un désastre.

Une léthargie n’est jamais due à un seul facteur et les éléments qui ont mené à la situation actuelle sont faciles à identifier. Les blessures, la perte de confiance, quelques joueurs incapables de répéter leur meilleure saison en carrière, un gardien et joueur de concession qui n’est pas à son meilleur, un gardien auxiliaire incapable d’aider l’équipe, des erreurs d’évaluation, des joueurs de troisième et quatrième trio qui se prennent pour des marqueurs, une défensive fragile et des renforts qui n’arrivent pas.

Toutefois, la grande différence avec notre équipe de 2002-03, c’est que nous avions débuté la saison du mauvais pied, de sorte que les attentes n’ont jamais été très grandes. Par contre, l’édition actuelle a créé des espoirs. Malheureus­ement, tout s’est effondré en l’espace de deux semaines. Ça fait mal.

Tous les éléments sont réunis pour la tempête parfaite et ce sera difficile d’y résister. J’ai bien peur que le Canadien rate les séries éliminatoi­res pour une quatrième fois en cinq ans. J’ai toujours dit que le mois de novembre était un mois révélateur, tant sur le plan individuel que collectif. C’est là qu’on sépare les hommes des enfants, malgré quelques exceptions comme les Blues de St. Louis de l’an dernier.

UN PONT ENTRE MOLSON ET BERGEVIN

Reste à savoir si la tempête parfaite emportera Marc Bergevin, Trevor Timmins et peut-être Claude Julien. Toutefois, je crois fermement que dans le hockey d’aujourd’hui, ça prend un intermédia­ire entre le propriétai­re et le directeur général, un homme de hockey respecté qui pourrait conseiller Marc Bergevin et donner un avis objectif à Geoff Molson, un peu comme Brendan Shanahan à Toronto ou Wayne Gretzky à Edmonton.

La grande question est de savoir quel virage il faut prendre. On a beau avoir de jeunes espoirs, rien n’est garanti pour le futur.

VOLER DES MATCHS

Pour l’instant, chaque joueur devra contribuer et il faudra s’en remettre au capitaine et surtout à Price. Le seul joueur qui peut voler des matchs à lui seul est le gardien, mais Price a peu de vols à son actif jusqu’à présent. Il doit voler au moins une victoire à tous les sept matchs.

C’est pour ça qu’il est payé 10 millions par saison, mais je comprends ce qu’il vit. Il est affecté. Je n’étais pas dans ma meilleure forme non plus en 2002-03 après avoir gagné les trophées Hart et Vézina. Je venais de signer le plus gros contrat de l’histoire du Canadien à 5,5 millions par saison. Je me mettais beaucoup de pression et je voulais m’en sortir, mais quand une équipe manque de confiance, c’est contagieux. Tu connais un bon match, puis rendu en troisième période, tu mènes par un ou deux buts et tu te demandes quelle nouvelle façon de perdre on va inventer.

Souvent, le gardien connaît ses meilleures performanc­es dans des causes perdantes et inversemen­t, lorsque l’équipe joue bien, c’est le gardien qui cafouille. Je plaide coupable pour quelques défaites survenues en 2002-2003.

Un des problèmes, c’est que les matchs se succèdent rapidement pour un gardien. Tu voudrais travailler fort à l’entraîneme­nt pour corriger certaines choses et tu manques de temps. Tu sais que c’est à toi de voler des matchs et la pression grimpe après chaque défaite. Mon entraîneur, Roland Melanson, me défiait à l’occasion et il disait : « Ce soir, José, tu dois voler le match ».

Price sait ce qu’il lui reste à faire.

Les éléments qui ont mené à la situation actuelle sont faciles à identifier.

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PHOTO D’ARCHIVES, AFP Carey Price n’a plus le choix, il doit voler des matchs.

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