À qui le blâme ?
Claude Julien doit-il être montré du doigt pour les déboires du Canadien ?
Après tout, Mike Babcock a perdu son emploi quand les Maple Leafs de Toronto ont encaissé six défaites de suite.
Le Canadien n’a pas gagné au cours de ses huit dernières rencontres.
Doit-on donner l’absolution sans confession à Marc Bergevin ?
Pas du tout. C’est son équipe, ce sont les joueurs qu’il a embauchés, ce sont les effectifs qu’il a mis à la disposition de son entraîneur en claironnant que l’objectif était une qualification pour les séries éliminatoires.
Oh ! Il y a aussi un autre élément à considérer : s’assurer que les jeunes joueurs progresseront.
Et les joueurs ? N’ont-ils pas leur part de responsabilité ?
LES LEADERS DISCRETS
Les joueurs identifiés comme les leaders, les incontournables dans le vestiaire, Shea Weber et Carey Price, n’ont rien cassé jusqu’à maintenant. Bien au contraire, ils ont été incapables de remettre le Tricolore sur les rails. Bref, un peu tout le monde est à blâmer. Et inévitablement, on revient toujours avec le fameux cliché : « On ne peut pas se départir de 23 joueurs… »
Vrai.
Cependant, n’oublions jamais le message à peine voilé lancé par Claude Julien, il y a quelques semaines. Je vous rappelle cette déclaration : « Je fais avec ce que j’ai. »
Les derniers résultats lui donnent raison. Les joueurs plaident évidemment leur cause. Ils ont des arguments intéressants. Par exemple, ils ont raison quand ils prétendent mériter un meilleur résultat à la suite des deux matchs du week-end.
Ils répètent souvent qu’ils ont obtenu plus de tirs au but que l’adversaire. C’est encore vrai, mais c’est une piètre excuse dans les circonstances. Des tirs en périphérie ne produisent pas de solides opportunités de marquer.
Les bonnes équipes parviennent toujours à sortir d’impasse. Pourquoi ? Parce que les joueurs qui acceptent des responsabilités accrues répondent aux attentes.
PAS DE SURDOUÉS
Patrice Bergeron a raté les derniers matchs des Bruins. Brad Marchand et David Pastrnak ont brillé. L’Avalanche a dû composer sans Mikko Rantanen et Gabriel Landeskog. Qu’a fait Nathan MacKinnon ? Vingt-cinq points en novembre.
Le Canadien ne mise pas sur des joueurs surdoués, mais que font ceux qui doivent inscrire des points au tableau ?
Max Domi : deux buts en 14 matchs, les deux marqués contre les Rangers. Brendan Gallagher : 3 buts en 14 matchs. Tomas Tatar : deux buts en huit matchs. Philipp Danault : deux buts en 17 matchs. Mais on connaît aussi son rôle très particulier, celui de contrer les meilleurs centres de la ligue. Seul Joel Armia produit : quatre buts en sept matchs.
DE LA PROFONDEUR ?
Et qu’on ne vienne plus nous parler de la profondeur. Du moins, c’était l’explication des décideurs, Marc Bergevin en tête, pour justifier l’embauche de joueurs tels que Jordan Weal, Nick Cousins, Mike Reilly, Nate Thompson, Keith Kinkaid,
« En raison de la parité dans la ligue, il faut s’assurer qu’on pourra se défendre si jamais les blessures viennent contrecarrer les plans », affirmait-on.
Mais où est au juste cette profondeur ? Weal : 0 en neuf. Thompson : 0 en 10. Cousins : 0 en 15 et un joueur indiscipliné. Kinkaid est au ballottage. Pendant tout ce temps, Jesperi Kotkaniemi joue à peine 13 minutes par match. Ryan Poehling est à Laval.
Et Julien n’aide pas sa cause en donnant plus de temps de jeu à Weal en supériorité numérique qu’à des attaquants comme Gallagher. Cousins qui joue presque 18 minutes contre les Flyers, c’est une blague ?
Et que fait pendant tout ce temps Marc Bergevin ?
Et que fait le propriétaire, Geoff Molson, dont le bilan avec son entreprise n’a rien de convaincant.
A-t-on songé à embaucher un président des opérations comme on en retrouve un à New York avec John Davidson, à Toronto avec Brendan Shanahan. Deux hommes embauchés alors que les entreprises se sont lancées dans un virage complet.
N’est-ce pas la situation dans laquelle se retrouve le Canadien.