Le Journal de Montreal

Petite délinquanc­e de Noël

- JOSEPH FACAL joseph.facal@quebecorme­dia.com

« Certes, on se retrouve en famille et on décroche du travail, mais… »

Faites-moi, cher lecteur, un cadeau de Noël : permettez-moi de commettre une infraction sans gravité.

Il est toujours question de la « magie » de Noël.

L’autre jour, j’émets une petite réserve devant un ami.

Il me répond que lui aimerait carrément s’endormir le 20 décembre et se réveiller début janvier.

Un autre ami me dit que ses beaux-parents, très âgés, stressent à l’approche de Noël, obsédés à la pensée que tout pourrait ne pas être comme il se doit…

C’est pourtant censé être un moment de détente et de bonheur, non ?

DÉSACCORDS

Visiblemen­t, Noël fait moins l’unanimité que ce qu’on voudrait faire croire.

Je ne parle pas seulement des centres d’achats bondés et de la musique « quétaine ».

Certes, on se retrouve en famille et on décroche du travail, mais…

Je parle de ces tensions d’autant plus étranges qu’elles ne sont vraiment la faute de personne.

Ce sont simplement des visions différente­s qui s’affrontent, et chacune est respectabl­e.

Vous avez d’abord les tensions autour de la date.

D’un côté, ceux qui sont souples sur la question et, de l’autre, ceux pour qui le « vrai » Noël ne saurait être que le 24, le 25 ou le 26… et chez eux.

Généraleme­nt, le plus rigide obtient gain de cause aux dépens de ceux qui préfèrent acheter la paix.

Il y a ensuite les déplacemen­ts. Du temps où toutes les familles habitaient le même village ou dans deux villages voisins, pas de problème.

Aujourd’hui, le temps des Fêtes ressemble à un rallye automobile : on va de ville en ville, et elles sont séparées parfois par des centaines de kilomètres.

Ce sont souvent les mêmes qui se déplacent. Pour eux, le travail est moins fatigant que les « vacances ».

Vous avez également le sempiterne­l dilemme du Noël « traditionn­el » versus le Noël « innovant ».

D’un côté, ceux qui tiennent mordicus à un rituel immuable d’année en année, depuis l’organisati­on de la journée jusqu’aux moindres détails du repas.

De l’autre, ceux qui plaident pour un peu de variété et de nouveauté.

Vient ensuite la question des cadeaux.

Quoi offrir à des gens qui ont tout, ou les moyens de tout s’offrir, ou dont vous ne connaissez guère les goûts ?

L’idée d’abolir complèteme­nt les cadeaux, voire de n’en donner qu’aux enfants, ne va pas de soi pour tous, c’est le moins qu’on puisse dire.

VOEUX

Je ne prétends pas que c’était mieux jadis. Je vois simplement Noël avec les yeux d’un homme de 58 ans…

Quand j’étais enfant, Noël était une bulle, une parenthèse, un moment et un monde à part, loin des tensions de la vie courante.

Aujourd’hui, je vois Noël comme le moment qui, parfois, rassemble ces tensions, les brasse et les amène au point d’ébullition.

En début de chronique, j’avais demandé votre indulgence.

Si vous me l’avez accordée, alors peut-être me permettrez-vous, malgré mon propos, de vous souhaiter, ainsi qu’à tous nos lecteurs, un très Joyeux Noël.

C’est un honneur et un privilège d’être lu par vous.

 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada