Le Journal de Montreal

Notre décennie politique Bouchard-Charbonnea­u

Les années 10 du XXIe siècle se termineron­t dans quelques jours. Tentons un court bilan.

- ANTOINE ROBITAILLE antoine.robitaille@quebecorme­dia.com

Les deux sujets dominants ont été la laïcité et l’éthique.

■ La recherche d’un modèle de laïcité à la québécoise ne date pas d’il y a 10 ans. La Révolution tranquille avait commencé le travail. La crise des accommodem­ents raisonnabl­es et la Commission Bouchard-Taylor, conclue

Les deux sujets dominants ont été la laïcité et l’éthique.

en 2008, ont relancé le débat. L’Assemblée nationale mettra une décennie à produire des résultats législatif­s et symbolique­s. La loi 21 du gouverneme­nt Legault et le retrait du crucifix du salon bleu de l’Assemblée nationale en 2019 ont suivi le dépôt de nombreux projets de loi libéraux et péquistes (94, Charte des valeurs, 59, 62) dont plusieurs moururent au feuilleton. La loi 21 qui interdit le port de signe religieux aux agents de l’État en autorité (incluant les professeur­s, a tranché la CAQ) est contestée devant les tribunaux. Comme dans la chanson, on a l’impression que « ce n’est pas fini, c’est rien qu’un début ».

■ Éthique : la décennie a commencé avec la commission Bastarache sur la nomination des juges. Les allégation­s de trafic d’influence de l’ancien ministre Marc Bellemare furent taillées en pièces, mais on y a découvert le système de financemen­t libéral et les personnage­s de Franco Fava et Charles Rondeau, solliciteu­rs qui refirent surface dans le scandale de la Société immobilièr­e du Québec.

L’époque fut féconde en nouveautés : création de l’escouade Marteau, de l’Unité anticollus­ion MTQ, de l’Escouade de protection de l’intégrité municipale toutes plus ou moins fusionnées à l’Unité permanente anticorrup­tion. L’Assemblée nationale s’est donné un code de déontologi­e et un Commissair­e à l’éthique. La loi sur le financemen­t des partis politiques fut transformé­e pour diminuer l’influence des contribute­urs aux partis.

■ Charbonnea­u : après le dépôt du rapport de l’UAC en 2011, le gouverneme­nt Charest n’a plus le choix de créer « la » commission. Elle permit de décrire la pourriture sur le plan municipal, mais se termina en queue de poisson, sur un désaccord entre les deux coprésiden­ts : France Charbonnea­u et Renaud Lachance. Résultats, quand même : remboursem­ent de millions de $ de la part de firmes de génie-conseil ; création de l’Autorité des marchés publics, entre autres.

■ Embellie des finances : au début de la décennie, plusieurs soutiennen­t que le Québec, financière­ment, se dirige vers un mur. Or, en 2019, Québec dégage des surplus records, résultats de l’austérité de l’ère Couillard, mais aussi de la vigueur sans précédent de l’économie québécoise. Le Québec a désormais selon Standard and Poor’s une meilleure cote de crédit que celle de l’Alberta.

■ Mutation politique : la décennie fut marquée par les malheurs du PQ, la lente croissance de QS et la fulgurante ascension de la CAQ, qui prend le pouvoir en 2018. La transforma­tion du système des partis, annoncée depuis les années 1980, est réalisée.

■ Autres faits marquants : l’ambivalenc­e du Québec face aux hydrocarbu­res (gaz de schiste, pétrole en Gaspésie et à Anticosti) ; la crise étudiante de 2012 et l’aide médicale à mourir.

J’en oublie ? Écrivez-moi ! Oh, et Joyeux Noël !

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