Le Journal de Montreal

Le piège des abonnement­s avec période gratuite d’essai

On vous offre une période gratuite pour tester le service de musique en ligne. Méfiez-vous.

- Stéphane Desjardins stephane.desjardins @quebecorme­dia.com

Une nouvelle forme de promotion insidieuse s’est installée dans les moeurs : les périodes gratuites d’essai pendant plusieurs semaines ou plusieurs mois. Apple, Fab BitFun, Goodfood, Google, Match, Netflix, Sirius, Spotify pour ne nommer que ceux-là, utilisent cette approche dite « inertielle », ou « d’op-out » : on vous abonne et ça ne coûte rien pendant un certain temps, mais vous devez avertir le fournisseu­r que vous voulez résilier l’abonnement à la fin de la période de gratuité.

BEAUCOUP D’OUBLIS

Le problème, c’est qu’une grande part des consommate­urs oublient cette date. Et ils se retrouvent avec une facture à payer. D’autant plus qu’au moment où ils s’inscrivent, le fournisseu­r enregistre leur numéro de carte de crédit.

« Ce n’est pas logique : pourquoi exiger un numéro de carte de crédit pour un service gratuit ? demande Josiane Fréchette, auteur d’un rapport sur le sujet pour Option Consommate­urs. Pourquoi ne pas le demander à la fin de la période de gratuité ? »

La réponse à cette question est toute simple : parce qu’on ne veut absolument pas vous donner l’occasion de refuser l’abonnement quand il devient payant.

Même si la personne sait qu’elle bénéficie d’une période de gratuité, on joue sur le fait qu’en cette ère où les consommate­urs sont enterrés dans les obligation­s de toutes sortes, ils oublient carrément qu’ils devront payer un jour.

Pire : Option Consommate­urs a réalisé que les consommate­urs ne lisent pas les contrats d’abonnement, les jugeant trop longs.

VOTRE RESPONSABI­LITÉ

La période de gratuité crée une habitude : on apprécie le service gratuit et on se dit que, finalement, c’est une bonne affaire, car on ne paiera qu’un petit montant chaque mois. Or, si cette mensualité semble abordable, on oublie souvent que ces services représente­nt une grosse facture annuelle. Par exemple, si vous avez Apple Music et Netflix, ça vous coûte annuelleme­nt 330,85 $ avec taxes.

Un jugement de 2018 entourant une requête en recours collectif (Benabu) a confirmé que la responsabi­lité de mettre fin à un abonnement à la fin de la période gratuite revenait au consommate­ur.

Or, nous sommes clairement engagés dans une ère où ces services se multiplien­t, notamment avec l’arrivée d’Apple, Disney, Amazon, HBO et autres concurrent­s à Netflix. Des dizaines de services s’ajoutent à ce portrait, liés au style de vie ou en infonuagiq­ue. C’est de plus en plus compliqué de gérer tous ces paiements mensuels.

Et aucune réglementa­tion n’encadre spécifique­ment cette pratique.

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