DE PATINEUSE À ENTRAÎNEUSE
Isabelle Brasseur oeuvre toujours dans le monde du patinage artistique
MOUNT LAUREL, New Jersey | Au cours de sa brillante carrière, la patineuse Isabelle Brasseur a remporté deux médailles olympiques avec son partenaire Lloyd Eisler. Elle est montée sur le podium pour la dernière fois en 1994. Plus de 25 ans après cette conquête, elle oeuvre toujours dans le monde du patinage artistique.
En compagnie de son mari Rocky Marval, qui est également un ancien patineur, elle enseigne les rudiments de son sport de prédilection aux enfants dans un aréna situé à Mount Laurel, au New Jersey. Toutefois, ce n’était pas le plan qu’elle s’était fixé pour son après-carrière.
« Pendant que Rocky venait ici pour enseigner, je m’occupais de notre fille Gabriella, explique Isabelle Brasseur lors d’une généreuse entrevue accordée au Journal de Montréal. À un moment, il m’a demandé mon aide pour certains gestes techniques pour des chorégraphies.
« Au départ, je ne voulais pas enseigner et me retrouver à nouveau dans le monde du patinage artistique. Je voulais être à la maison pour élever ma fille. Mon objectif était de faire de l’art et de faire quelque chose de créatif. »
UNE ÉTINCELLE PLUS RARE
Toutefois, sa petite Gabriella a changé ses plans alors qu’elle a commencé à faire du patin. Par la force des choses, Brasseur est revenue à temps plein dans la discipline qui l’a tant fait vibrer durant une vingtaine d’années.
« J’ai toujours adoré le sport. Ç’a toujours été une passion. Par contre, j’aime mieux enseigner aux débutants qu’aux patineurs de niveau national.
« L’étincelle devient plus rare et ça devient un travail. Ça devient une mission. Je l’ai eue, cette mission lorsque je patinais. Je sais à quel point c’est difficile d’atteindre l’élite. Je veux comme leur cacher cette réalité et les protéger. Je trouve cela difficile de replonger [dans cette aventure] avec eux. »
La Québécoise connaît bien les sacrifices qu’un patineur doit faire pour remporter une médaille olympique. Ils sont lourds.
« Tu es toujours jugé et tu dois toujours être parfait dans un sens. C’est difficile à accepter et à enseigner. Tu dois être dur avec tes patineurs, mais ce n’est pas dans ma personnalité. J’ai de la difficulté à les pousser. »
LE COEUR AU QUÉBEC
Même si elle demeure aux ÉtatsUnis depuis une vingtaine d’années, son attachement au Québec est encore très fort.
« J’ai un condo à Brossard. C’est très important pour moi d’avoir un pied-à-terre à Montréal. C’est une nécessité, affirme-t-elle. Je ne serai jamais Américaine même si je ne peux pas me plaindre de ma vie.
« Mes racines et mon coeur demeureront toujours canadiens. Lorsque je n’y vais pas pendant plus de deux mois, je trouve cela difficile. Les valeurs américaines sont différentes des nôtres. Je trouve cela important aussi de pouvoir parler en français. Ça fait partie de moi. »
En juillet 2020, elle aura 50 ans. Elle est curieuse devant l’arrivée de cette nouvelle décennie.
« J’ai vécu beaucoup de changements au cours de ma quarantaine, dont la maladie et le décès de ma mère. On a aussi perdu le père à Rocky. J’ai réalisé que ce n’est pas juste moi qui vieillis, mais les gens autour de moi aussi. J’ai commencé à voir partir des gens que je ne veux pas perdre.
« Durant les années de maladie de ma mère, je regrettais d’avoir déménagé aux États-Unis. Par contre, tu ne peux changer la vie et t’empêcher de vivre de belles opportunités. »