Le Journal de Montreal

Ottawa doit payer 11 M$ pour réparer un navire vandalisé

Les policiers ne savent pas qui a commis le crime dans un chantier maritime à Halifax

- CHRISTOPHE­R NARDI Bureau d’enquête – Avec Sarah Daoust-Braun, Agence QMI

OTTAWA | Les contribuab­les canadiens devront débourser au moins 11 M$ pour réparer un navire flambant neuf de la Garde côtière canadienne qui a été vandalisé l’an dernier, a appris notre Bureau d’enquête.

C’est une scène spectacula­ire qui attendait les employés du chantier maritime de Canadian Maritime Engineerin­g (CME) à leur arrivée au travail, en novembre 2018.

Le NGCC Corporal McLaren M.M.V., un imposant navire de près de 43 mètres qui était amarré pour des rénovation­s, se trouvait à moitié submergé dans les eaux glaciales de l’océan Atlantique.

Plusieurs compartime­nts du vaisseau étaient remplis d’eau, détruisant du même coup bon nombre d’équipement­s électrique­s et électroniq­ues.

Il n’a fallu qu’un coup d’oeil rapide par la Garde côtière et la police d’Halifax pour déterminer que le chavirage du patrouille­ur semi-hauturier construit en 2013 était le résultat d’un acte criminel. À ce moment-là, les dommages étaient estimés à au moins 5 M$, selon la chaîne télé Global News.

« Le dispositif visant à retenir le berceau du NGCC Corporal McLaren M.M.V. a été vandalisé dans un chantier naval. […] Le navire a glissé dans l’eau et est resté en partie submergé avant d’être finalement renfloué », a expliqué Benoit Mayrand, porte-parole de la Garde côtière canadienne.

CÂBLES COUPÉS

Un an après les faits, le navire demeure en attente de réparation­s. Mais les dommages sont maintenant estimés à au moins 11 M$, révèlent les Comptes publics 20182019 du gouverneme­nt fédéral. De plus, le bateau demeure toujours inutilisab­le en attendant d’être réparé.

Selon une porte-parole de Services publics et Approvisio­nnement Canada (SPAC), le fédéral étudie la possibilit­é de réclamer les frais de réparation au chantier naval CME. Le contrat de réparation leur a été enlevé « pour cause de manquement » en août dernier.

« Les contrats actuels de cale sèche contiennen­t un libellé qui attribue au fournisseu­r la responsabi­lité de la garde et du contrôle des navires des clients pendant les travaux », indique Stéfanie Hamel.

ENQUÊTE FERMÉE

Entre-temps, le ou les malfaiteur­s ont possibleme­nt commis le crime parfait. Le service de police d’Halifax a confirmé qu’ils ont exploré toutes les avenues possibles, mais que l’enquête est tombée à l’eau.

Des photos et documents obtenus par Global News Halifax en août ont révélé que les enquêteurs soupçonnai­ent qu’un outil électrique, comme une meuleuse d’angle, avait été utilisé pour couper les câbles qui tenaient le bateau en place et endommager les ancres. Cela laissait croire que c’était l’oeuvre d’un profession­nel du domaine maritime.

 ?? PHOTOS COURTOISIE GARDE CÔTIÈRE DU CANADA ET SERVICES PUBLICS ET APPROVISIO­NNEMENT CANADA ?? Le NGCC Corporal McLaren a chaviré après avoir été vandalisé dans un chantier naval à Sambro, en Nouvelle-Écosse en novembre 2018. En mortaise, l’état du navire était aussi pitoyable plus d’un an plus tard, le 18 décembre dernier.
PHOTOS COURTOISIE GARDE CÔTIÈRE DU CANADA ET SERVICES PUBLICS ET APPROVISIO­NNEMENT CANADA Le NGCC Corporal McLaren a chaviré après avoir été vandalisé dans un chantier naval à Sambro, en Nouvelle-Écosse en novembre 2018. En mortaise, l’état du navire était aussi pitoyable plus d’un an plus tard, le 18 décembre dernier.

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