Ottawa doit payer 11 M$ pour réparer un navire vandalisé
Les policiers ne savent pas qui a commis le crime dans un chantier maritime à Halifax
OTTAWA | Les contribuables canadiens devront débourser au moins 11 M$ pour réparer un navire flambant neuf de la Garde côtière canadienne qui a été vandalisé l’an dernier, a appris notre Bureau d’enquête.
C’est une scène spectaculaire qui attendait les employés du chantier maritime de Canadian Maritime Engineering (CME) à leur arrivée au travail, en novembre 2018.
Le NGCC Corporal McLaren M.M.V., un imposant navire de près de 43 mètres qui était amarré pour des rénovations, se trouvait à moitié submergé dans les eaux glaciales de l’océan Atlantique.
Plusieurs compartiments du vaisseau étaient remplis d’eau, détruisant du même coup bon nombre d’équipements électriques et électroniques.
Il n’a fallu qu’un coup d’oeil rapide par la Garde côtière et la police d’Halifax pour déterminer que le chavirage du patrouilleur semi-hauturier construit en 2013 était le résultat d’un acte criminel. À ce moment-là, les dommages étaient estimés à au moins 5 M$, selon la chaîne télé Global News.
« Le dispositif visant à retenir le berceau du NGCC Corporal McLaren M.M.V. a été vandalisé dans un chantier naval. […] Le navire a glissé dans l’eau et est resté en partie submergé avant d’être finalement renfloué », a expliqué Benoit Mayrand, porte-parole de la Garde côtière canadienne.
CÂBLES COUPÉS
Un an après les faits, le navire demeure en attente de réparations. Mais les dommages sont maintenant estimés à au moins 11 M$, révèlent les Comptes publics 20182019 du gouvernement fédéral. De plus, le bateau demeure toujours inutilisable en attendant d’être réparé.
Selon une porte-parole de Services publics et Approvisionnement Canada (SPAC), le fédéral étudie la possibilité de réclamer les frais de réparation au chantier naval CME. Le contrat de réparation leur a été enlevé « pour cause de manquement » en août dernier.
« Les contrats actuels de cale sèche contiennent un libellé qui attribue au fournisseur la responsabilité de la garde et du contrôle des navires des clients pendant les travaux », indique Stéfanie Hamel.
ENQUÊTE FERMÉE
Entre-temps, le ou les malfaiteurs ont possiblement commis le crime parfait. Le service de police d’Halifax a confirmé qu’ils ont exploré toutes les avenues possibles, mais que l’enquête est tombée à l’eau.
Des photos et documents obtenus par Global News Halifax en août ont révélé que les enquêteurs soupçonnaient qu’un outil électrique, comme une meuleuse d’angle, avait été utilisé pour couper les câbles qui tenaient le bateau en place et endommager les ancres. Cela laissait croire que c’était l’oeuvre d’un professionnel du domaine maritime.