235 000 Syriens déplacés en deux semaines en raison des combats
Damas et son allié russe ont intensifié leur offensive dans le nord-ouest de la Syrie
BEYROUTH | (AFP) Des camionnettes pleines de matelas, vêtements et matériel électroménager : plus de 235 000 Syriens ont été déplacés en deux semaines en raison de l’intensification de l’offensive du régime et de son allié russe dans le nord-ouest du pays, selon l’ONU.
De nombreux véhicules ont de nouveau convoyé hier des civils hors de deux villes de la province d’Idleb touchées par les combats, la plupart se dirigeant vers des zones plus au nord et qu’ils jugent plus sûres, selon un journaliste sur place.
Ces déplacements massifs tombent au pire moment, alors que la région est frappée par de fortes averses qui inondent les camps de déplacés.
« On ne peut pas vivre dans les camps », lance Oum Abdou, une mère de cinq enfants récemment arrivée dans un camp près de la ville de Dana, au nord de la ville d’Idleb. « Il y a de fortes pluies, et nous avons besoin de chauffage (...) d’habits et de nourriture », lance-t-elle.
Le Bureau de l’ONU pour les affaires humanitaires rappelle que les déplacements « en hiver exacerbent le caractère vulnérable de certains, notamment les femmes, les enfants et les personnes âgées ». Il déplore aussi la suspension de l’aide de certaines ONG en raison des combats.
INTENSIFICATION
Le régime, qui après plus de huit ans de guerre contrôle désormais plus de 70 % du territoire, s’est dit déterminé à reconquérir la région d’Idleb, dominée par les djihadistes du groupe Hayat Tahrir al-Cham (HTS).
Depuis le 16 décembre, ses forces, soutenues par l’aviation russe, ont intensifié leurs bombardements et de violents combats au sol les opposent aux djihadistes et rebelles, malgré un cessez-le-feu annoncé en août.
Le régime a récemment pris le contrôle de dizaines de villages, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).
Et depuis le 19 décembre, les combats, qui ont tué des centaines d’hommes dans les deux camps, se concentrent autour de la ville de Maaret al-Noomane.
Dans un communiqué, l’ONU parle de 235 000 personnes déplacées entre le 12 et le 25 décembre qui ont surtout concerné cette ville, « quasiment vidée » de ses habitants, et ses environs. Depuis mi-décembre, les combats et raids aériens ont tué en outre près de 80 civils, selon l’OSDH.
CESSEZ-LE-FEU ?
Mardi, Ankara, qui soutient des rebelles en Syrie, a annoncé être en pourparlers avec Moscou pour obtenir un nouveau cessez-le-feu à Idleb, appelant à la fin immédiate des frappes.
L’intensification de l’offensive à Idleb a suscité la condamnation d’autres pays.
Le président américain Donald Trump a appelé jeudi le régime syrien et ses alliés russe et iranien à cesser le « carnage » de civils dans la province d’Idleb.
La France avait réclamé plus tôt une « désescalade immédiate », accusant Damas et ses alliés russe et iranien d’« aggraver la crise humanitaire ».
Le conflit en Syrie, déclenché en 2011 par la répression de manifestations prodémocratie par Damas, a fait plus de 370 000 morts et des millions de déplacés.