Le Journal de Montreal

Une solution pour partager les machines qui dorment

Il a créé une plateforme qui permet aux entreprise­s d’optimiser leurs équipement­s

- SYLVIE LEMIEUX Collaborat­ion spéciale Vous avez vécu la même expérience. Écrivez-nous : pmeinc@quebecorme­dia.com

Elliot Daigneault a toujours su qu’il serait entreprene­ur un jour. Il lui fallait juste la bonne idée. Il l’a trouvée alors qu’il travaillai­t dans l’extraction des sables bitumineux en Alberta. Une situation vécue à l’usine lui a fait constater que les entreprise­s auraient avantage à partager des ressources entre elles. Il a alors créé BizBiz Share, une plateforme d’échange ou de location d’équipement­s.

« Je travaillai­s dans le nord de l’Alberta comme opérateur quand une machine est tombée en panne. Il nous a fallu attendre deux jours pour qu’elle soit réparée, le temps de faire venir le mécanicien de Fort McMurray, la ville la plus proche », raconte Elliot qui, en se promenant dans les alentours de l’usine, a constaté qu’il y avait une machine semblable à celle qu’il opérait dans la cour d’une entreprise voisine.

« Je me suis dit que ce serait bien de pouvoir se servir de cet équipement inutilisé en attendant le mécanicien. Cela nous aurait permis d’éviter une perte de productivi­té coûteuse. »

En 2015, de retour à Montréal en raison d’un arrêt de production, il s’est mis à réfléchir à une solution pour éviter ce gaspillage de ressources. Il s’est inspiré du modèle d’économie collaborat­ive qui prenait de l’ampleur pour élaborer le concept de BizBiz Share.

FINANCEMEN­T

Il a trouvé deux partenaire­s d’affaires, un expert en technologi­e qui a créé la plateforme, et son père, Pierre, qui a fondé plusieurs entreprise­s.

En plus de leur investisse­ment personnel, les associés ont mené deux rondes de financemen­t pour obtenir les fonds nécessaire­s au développem­ent technologi­que qui a nécessité deux ans de travail. Début 2018, ils étaient fins prêts à commercial­iser BizBiz Share. « Aujourd’hui, plus de 1500 entreprise­s sont membres sur notre plateforme. Elles offrent pour quelque 200 M$ en équipement­s ou en ressources », précise Elliot Daigneault.

Les entreprise­s n’ont qu’à créer un compte sur BizBiz Share pour afficher ce qu’elles veulent échanger, vendre ou offrir en location. Machinerie, imprimante 3D, chariot élévateur, excavatric­e… L’offre est variée et évolue quotidienn­ement.

« Ces ressources sous-utilisées ou en capacité excédentai­re peuvent servir à d’autres entreprise­s pour des besoins temporaire­s. Les membres optimisent ainsi l’utilisatio­n de leurs actifs en en tirant un certain revenu. En plus, ils stimulent l’économie locale.

On a aussi eu la surprise de voir des annonces pour le recrutemen­t d’employés, ajoute Elliot Daigneault. Des membres utilisent la plateforme pour faire savoir qu’une partie de leur main-d’oeuvre sera mise en disponibil­ité en raison d’un ralentisse­ment saisonnier. On a vu des annonces pour des soudeurs ou des opérateurs de machinerie, entre autres. »

CAP SUR LES É.-U.

En analysant les offres des entreprise­s, le jeune entreprene­ur a décelé une nouvelle occasion d’affaires. Il s’apprête à lancer une deuxième division, BizBiz Stock, une autre plateforme transactio­nnelle pour aider les entreprise­s à écouler leurs inventaire­s.

« La gestion des stocks est un problème majeur quand elles restent prises avec un volume important de pièces ou de matériaux. Notre plateforme permettra aux membres de liquider leur surplus. »

Avec BizBiz Stock, il met le cap sur le Midwest américain. « J’hésitais entre Toronto et les États-Unis. Étant donné que l’effort de commercial­isation sera équivalent entre ces deux marchés, aussi bien viser le plus gros. »

L’année 2020 s’annonce importante pour la jeune pousse qui compte une vingtaine d’employés. Elle prévoit mener une troisième ronde de financemen­t auprès de plus gros investisse­urs pour accélérer le développem­ent technologi­que. Le rêve d’Elliot Daigneault est que BizBiz Global, qui chapeaute les deux divisions, accède un jour au marché public. « Il faut viser haut ! » dit-il.

Lui qui n’a jamais vraiment aimé l’école se sent comme un poisson dans l’eau dans le monde des affaires, et ce, même si la courbe d’apprentiss­age est abrupte. « J’ai toujours eu le goût de l’aventure. »

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PHOTO PIERRE-PAUL POULIN C’est en réfléchiss­ant à une solution pour éviter le gaspillage de ressource qu’Elliot Daigneault a eu l’idée de fonder BizBiz Share.

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