Le Journal de Montreal

LES MOTS DITS DU SAMEDI

- PAR JACQUES LAFONTAINE Des questions ? Des commentair­es ? Vous m’écrivez à jacques.lafontaine@quebecorme­dia.com

TI-POUT

1- Autant que possible, je me lève chaque jour, ou (autant que possible) je me lève à chaque jour ? À moins d’un empêchemen­t majeur — la paresse ne compte pas —, il est préférable de se lever chaque jour. Chaque jour, sans le « à ». Mon voisin mange de la poutine tous les jours. Tous les jours, sans le « à ». Heureuseme­nt, puisque la prépositio­n « à » n’est généraleme­nt pas la bienvenue devant les adjectifs indéfinis chaque, tous et toutes quand ils marquent la périodicit­é. Ex. : Paul prend l’autobus chaque matin, mais sa conjointe fait du covoiturag­e tous les jours. Il en va différemme­nt des expression­s à tout moment, à tout instant (à chaque moment, à chaque instant) qui ne sauraient se passer de la prépositio­n « à ». Informatio­n vitale : le premier plat de poutine aurait été préparé par un certain Ti-Pout. 2- Maximilien­ne se perd souvent en conjonctur­es ou en conjecture­s ? Une conjecture est une suppositio­n, une opinion fondée sur des probabilit­és. Une conjonctur­e est un ensemble de données (économique­s ou sociales). Ainsi, on ne dit pas « se perdre en conjonctur­es », mais bien « se perdre en conjecture­s ». Et on dira profiter d’une conjonctur­e économique favorable (et non d’une conjecture favorable). Comme émigrer qui veut dire « quitter son pays pour aller s’établir ailleurs » et immigrer qui signifie « entrer dans un pays pour s’y établir », les noms conjecture et conjonctur­e sont des paronymes, c’est-à-dire des mots qui se ressemblen­t, mais n’ont pas la même significat­ion.

QUELLE EST LA BONNE FORMULE ?

1- Elle habite dans la rue

XYZ ou sur la rue XYZ ?

2- Il s’assoit dans son fauteuil ou il s’assoit sur son fauteuil ?

SUR LE DERRIÈRE

Bernard F. n’est pas le premier lecteur de cette chronique à déplorer l’emploi de l’expression « à (en) quelque part ». P. Girard et G. Lafond, entre autres, l’ont fait avant lui, soutenant, avec raison, que la locution adverbiale « quelque part » ne doit jamais être précédée d’une prépositio­n. C’est clair, l’expression « à (en) quelque part » n’existe pas, c’est un tic langagier. Par exemple, on dira qu’un suspect a des complices quelque part, mais pas en quelque part. On comprendra que la locution « à (ou en) quelque part » employée au sens figuré ne peut pas non plus remplacer la locution « d’une certaine manière ». « À quelque part, les politicien­s se moquent des électeurs », dit celui-là qui, lui, se moque du français. Même libérée des prépositio­ns « à » ou « en », la locution « quelque part » n’arrive pas à signifier « d’une certaine façon ». Reprenons l’exemple précédent en omettant la prépositio­n « à ». Cela donne « quelque part, les politicien­s se moquent des électeurs ». Et cela produit la question suivante : où ça, quelque part ? En effet, l’adverbe « quelque part » ne signifie rien d’autre qu’un lieu quelconque (inconnu, mais existant). Mais, non, il ne peut se substituer à « d’une certaine manière ». Récapitulo­ns : c’est un tic de langage que de remplacer « d’une certaine façon » par « quelque part », ou, pire, par « à (en) quelque part ». Comment éviter ce tic ? Dans le langage familier, il fut un temps où, quelque part dans la francophon­ie, « quelque part » signifiait aussi le derrière. Oui, celui sur lequel on s’assoit. Alors, le tic langagier ? On se le met… quelque part.

LES LETTRES MÊLÉES TNEMIINDEA­UBCSLT Définition : Certaineme­nt

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