Le Journal de Montreal

Une offensive mondiale inédite contre les droits humains dénoncée

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NEW YORK | (AFP) Pékin utilise son pouvoir économique et diplomatiq­ue pour attaquer avec une intensité inédite les mécanismes internatio­naux de protection des droits humains, a estimé hier l’organisati­on Human Rights Watch, suscitant la colère d’un responsabl­e chinois.

« Le gouverneme­nt chinois mène une intense offensive contre le système internatio­nal de protection des droits humains », « la plus intense qu’on ait vue depuis l’émergence de ce système au milieu du XXe siècle », a martelé Kenneth Roth, directeur exécutif de l’ONG, en présentant ce rapport annuel depuis le siège de l’ONU à New York.

Le premier secrétaire de la délégation chinoise à l’ONU, Xing Jisheng, qui assistait à la présentati­on, a balayé ces critiques, jugeant le rapport « plein de préjugés et d’inventions ».

« ÉTAT POLICIER ORWELLIEN »

Selon Kenneth Roth, le parti communiste a bâti en Chine « un État policier orwellien high-tech et un système sophistiqu­é de censure d’internet pour surveiller et supprimer les critiques publiques », qui dénoncent notamment « le système cauchemard­esque » de répression instauré contre les musulmans du Xinjiang. Et à l’étranger, le gouverneme­nt chinois « utilise son influence économique croissante pour museler les critiques », selon l’ONG.

« Si d’autres gouverneme­nts commettent des entorses graves aux droits humains, aucun autre gouverneme­nt ne montre les muscles avec autant de vigueur et de déterminat­ion pour saper les normes internatio­nales des droits humains et les institutio­ns qui pourraient les soutenir », juge-t-elle.

M. Roth avait espéré présenter ce rapport depuis Hong Kong. Mais « pour la première fois », a-t-il souligné hier, il a été interdit d’entrée dans l’ex-colonie britanniqu­e, au prétexte que l’ONG y encourage le mouvement prodémocra­tie qui l’agite depuis sept mois. « Le gouverneme­nt chinois est terrifié d’admettre qu’il y a un désir authentiqu­e de démocratie sur un territoire qu’il gouverne » à toute la Chine, selon M. Roth.

CAUSE « ABANDONNÉE »

Human Rights Watch dénonce l’inaction, voire la complicité d’autres pays face à cette « menace existentie­lle » que fait peser Pékin sur les droits humains, selon l’ONG.

« Plusieurs gouverneme­nts sur lesquels on pouvait compter pour que leur politique étrangère défende les droits humains au moins une partie du temps ont largement abandonné cette cause », a affirmé M. Roth.

« Certains dirigeants comme le président américain Donald Trump, le premier ministre indien Narendra Modi et le président brésilien Jair Bolsonaro brident le même ensemble de lois protégeant les droits humains que la Chine, galvanisan­t leur public en combattant les “mondialist­es” qui osent suggérer que tous les gouverneme­nts devraient respecter les mêmes normes. »

Il a aussi critiqué l’Union européenne, « occupée par le Brexit, handicapée par des États membres nationalis­tes et divisée sur les migrants », ainsi que le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, accusé de ne parler de droits humains qu’en « termes génériques ».

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