Le Journal de Montreal

Les Québécois de souche sous surveillan­ce

- DENISE BOMBARDIER

Il est évident que les Québécois francophon­es de souche ont intérêt à tourner sept fois la langue dans leur bouche avant de parler, s’ils veulent éviter de se faire traiter de racistes, de fascisants et de tout autre qualificat­if quand ils affirment leur nationalis­me distinct. Ils ont donc intérêt à tempérer leurs déclaratio­ns publiques à saveur identitair­e.

Les racisés et autres multicultu­ralistes joviaux ou vindicatif­s, eux, s’en donnent à coeur joie contre les Québécois « racistes », « xénophobes » et « intolérant­s ».

Ceux-ci doivent alors jouer aux naïfs même lorsqu’ils ne le sont pas et afficher leur ignorance parfois réelle comme si c’était une vertu. Oubliant que ceux qui les insultent sont parfois ignorants aussi de l’histoire du Québec, de la Nouvelle-France à aujourd’hui.

Les Québécois de souche dégagent un parfum aux odeurs toxiques pour nombre de citoyens qui se croient d’une ouverture d’esprit plus large, prétendent à une tolérance sociale exemplaire, mais qui pratiquent une rectitude politique des plus redoutable­s dans toutes les institutio­ns canadienne­s.

INSULTES

Les nationalis­tes mous qu’incarne la CAQ n’échappent pas aux quolibets et aux insultes. Par exemple, la politique de contrôle de l’immigratio­n ne passe pas la rampe.

Le premier ministre Legault, qui manie parfois la langue avec difficulté, doit faire gaffe. Un mot de trop, une formule gauchement choisie comme « le Québec n’est pas islamophob­e », et le mercure atteint 50 degrés Celsius dans les parlements provinciau­x et les médias d’un océan à l’autre.

Le racisme, l’exclusion, la discrimina­tion ne sont pas le seul fait des Blancs francophon­es et nationalis­tes. Cet amalgame est non seulement explosif, mais faux et injuste.

En effet, que dire de ces groupes qui refusent de reconnaîtr­e à la majorité francophon­e son droit à défendre la langue française et la laïcité telle qu’elle est inscrite dans la loi 21, laquelle a été votée par l’Assemblée nationale ?

Au Canada anglais, le sentiment anti-français est indissocia­ble du vieux réflexe anti-Québec qu’ont connu ma génération et celles qui ont suivi jusqu’à la seconde défaite référendai­re en 1995.

BOMBARDIER

NATIONALIS­ME PROGRESSIS­TE

Il existe au Québec des groupuscul­es d’extrême droite, qui incitent à la haine de l’autre. Mais ils ne peuvent en aucune façon être associés aux partisans du nationalis­me historique du Québec.

Le nationalis­me québécois n’a rien à voir avec le nationalis­me des groupes néonazis en Allemagne et en Autriche ni avec celui des dirigeants hongrois et turcs. Le nationalis­me québécois progressis­te a permis à la Révolution tranquille de promouvoir en accéléré la liberté d’expression, la justice sociale et l’égalité entre les sexes.

Nombre d’opposants au nationalis­me québécois semblent entretenir une ambiguïté troublante à l’endroit des Québécois de souche. D’ailleurs, cette désignatio­n est la seule qui convienne à tous ceux dont les racines sont françaises et à tous les autres qui ont fait le choix du Québec en acceptant la réalité d’une majorité francophon­e.

Il est humiliant et épuisant que la majorité québécoise soit constammen­t sur la défensive et qu’elle ne puisse compter sur l’appui de tous ses concitoyen­s lorsqu’elle est attaquée pour avoir exercé ses droits démocratiq­ues. Attend-on notre soumission définitive ?

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Les multicultu­ralistes s’en donnent à coeur joie contre les Québécois dits « racistes »
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