Il faudra pourchasser les clients-abuseurs de mineurs
Des élus cherchent des pistes de solutions pour combattre ce phénomène
Pour éradiquer l’exploitation sexuelle, il faut « mettre au banc des accusés les clients-abuseurs » qui sollicitent les services sexuels de jeunes, insiste un groupe d’élus de la Commission spéciale sur l’exploitation sexuelle des mineurs.
« La prise de conscience chez le clientabuseur, elle n’a pas l’air d’être là. On lui donne peut-être une petite tape sur les doigts, mais il n’y a pas de conséquences. Il est criant de dire à ce client-abuseur que lorsqu’on parle d’exploitation sexuelle sur des mineurs, on parle d’agression sexuelle », a lancé la députée libérale Christine St-Pierre.
Après s’être tenue à Québec en novembre dernier, la commission a poursuivi hier ses audiences à Montréal, ville considérée comme une table tournante de l’exploitation sexuelle, a-t-on rappelé au début des audiences.
« Plusieurs parents croient que parce qu’ils n’habitent pas Montréal, ça n’arrivera pas à leurs enfants. Mais il faut rappeler que le recrutement se passe maintenant sur les réseaux sociaux. Peu importe la région, personne n’est plus à l’abri », a précisé le président de la commission, le député caquiste Ian Lafrenière.
ESTIME DE SOI
S’il est difficile de catégoriser les victimes qui tombent entre les griffes de proxénètes, elles ont toutes un point commun, a averti une pédiatre : un flagrant manque d’estime de soi.
« Une adolescente avec une estime de soi à terre, quand elle se fait embarquer dans l’exploitation sexuelle, pour elle, c’est la solution à son problème et non un traumatisme. Et tant que nous ne voyons pas ça, nous n’irons nulle part avec nos interventions », a expliqué la Dre Franziska Baltzer, spécialiste en médecine pour adolescents.
Elle convient que l’exploitation sexuelle peut survenir dans « toutes les souches de la société ».
« Ce n’est pas parce que vous êtes riches que vous allez tout faire pour que l’estime de soi de votre adolescente soit bien développée. Ce n’est pas juste en donnant des cadeaux qu’on réussit ça », a-t-elle dit.
ÉDUCATION PRIMORDIALE
La Dre Baltzer a aussi insisté sur l’éducation sexuelle qui est « primordiale », et ce, pour toute la société.
« L’exploitation sexuelle reste un tabou au Québec. Ça fait capoter les gens, on ne veut pas en parler », a-t-elle déploré.
À la Concertation des luttes contre l’exploitation sexuelle, on est aussi d’avis que l’éducation à la sexualité peut prévenir ce fléau.
« Les hommes ne naissent pas clientsprostitueurs ou proxénètes. De la sensibilisation doit être faite, il faut changer les mentalités comme quoi c’est normal d’acheter des actes sexuels, rappeler que c’est criminel », a dit Jennie-Laure Sully.
La Commission spéciale sur l’exploitation sexuelle des mineurs se poursuit aujourd’hui à Montréal.