Le Journal de Montreal

Le PQ gigote encore !

- JOSEPH FACAL joseph.facal@quebecorme­dia.com

L’humoriste Guy Nantel songe sérieuseme­nt à se présenter à la direction du PQ.

Les candidatur­es de Sylvain Gaudreault et de Paul St-Pierre Plamondon sont acquises, celle de Frédéric Bastien l’est presque, et celle de Stéphane Handfield est possible.

Il s’en trouvera pour se plaindre de la fin des grosses pointures historique­s, de ces grands noms qui ont incarné l’âge d’or du PQ.

Ils ont tort. Le temps qui passe amène forcément un changement de la garde.

POURQUOI ?

Tous les candidats confirmés ou évoqués sont des hommes de qualité, tous sans exception.

Je le confesse : je suis étonné qu’un parti et une cause aussi mal en point attirent des gens d’un tel niveau.

Dans le cas de Guy Nantel, certains pourraient trouver incongrue la candidatur­e d’un humoriste. Pourquoi ? Non !

Son humour est politique, engagé et, comme le notait un proche, il vaut mieux faire rire volontaire­ment que faire rire de soi involontai­rement.

L’actuel président de l’Ukraine, Volodymir Zelensky, se fit connaître avec une émission satirique dans laquelle il jouait le rôle d’un jeune professeur d’histoire dans un lycée qui devient… président de l’Ukraine.

On pourrait croire qu’il n’y a plus rien à faire avec le PQ. Mais on disait cela du Bloc il y a quelques mois. La futurologi­e n’est pas une science. Chose certaine, les péquistes doivent cesser d’attendre le providenti­el « sauveur ».

Le leadership souveraini­ste a certes commis des erreurs tactiques et stratégiqu­es, mais la cause première de ses difficulté­s remonte à un moment précis : la défaite référendai­re de 1995.

Tout mouvement aurait eu les jarrets coupés par un tel revers.

Deux génération­s – celle née avant la guerre et celle des baby-boomers

– y virent la mort de leur rêve ou, du moins, elles se dirent que c’était aux génération­s suivantes à reprendre le flambeau.

Beaucoup restèrent souveraini­stes, mais se désengagèr­ent. Ils devinrent comme ces catholique­s qui ne vont plus à la messe.

Involontai­rement, plusieurs transmiren­t leur défaitisme morose à leurs enfants.

Pour beaucoup de jeunes, ma génération est une génération de loosers, en tout cas sur cette question.

Dès lors, le projet souveraini­ste fut privé de carburant, comme un avion en panne qui plane avec ce qui lui reste d’énergie.

Parallèlem­ent, deux autres phénomènes liés entre eux survinrent.

D’abord, les adversaire­s de la souveraine­té s’emparèrent des propos de Jacques Parizeau le soir du référendum – maladroits, blessants, mais pas entièremen­t faux – et s’en servirent pour présenter le mouvement souveraini­ste comme xénophobe et raciste.

Beaucoup de jeunes crurent cela, d’autant qu’au même moment, la propagande multicultu­raliste, obsédée par la race et la religion, réussissai­t à faire passer son cryptoraci­sme pour un antiracism­e vertueux.

DURER

Le succès de la CAQ montre cependant que le nationalis­me québécois est loin d’être mort, mais prend des formes nouvelles et inattendue­s.

La principale tâche du prochain chef du PQ ne sera évidemment pas de faire triompher l’idée de l’indépendan­ce.

Ce sera de s’assurer qu’elle reste vivante, crédible, de l’ordre du possible et du raisonnabl­e.

« Tous les candidats confirmés ou évoqués sont des hommes de qualité, tous sans exception. »

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Guy Nantel
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