Le Journal de Montreal

Bataille d’archéologu­es et d’experts à l’horizon

- TAÏEB MOALLA

Annoncée en grande pompe à l’automne 2018, la découverte archéologi­que « majeure » faite sous la rue SainteUrsu­le, dans le Vieux-Québec, divise fortement les experts. On ne sait toujours pas avec certitude s’il s’agit de la fameuse palissade de Beaucours qui date de 1693.

Hier, Dominique Lalande, directrice générale de Ruralys, compagnie mandatée par le gouverneme­nt du Québec pour réaliser les fouilles, a maintenu que « c’est le rempart palissadé de Beaucours qu’on a découvert ».

Pourtant, une étude du laboratoir­e de dendrochro­nologie affilié au Centre d’études nordiques de l’Université Laval (UL) semble contredire ces affirmatio­ns.

Le professeur Martin Simard y a fait savoir que les deux pièces de bois qu’il a eu à expertiser dateraient respective­ment de 1751 et de 1775.

De son côté, William Moss, ancien architecte principal à la Ville de Québec, où il a oeuvré pendant 33 ans, a émis de sérieux doutes sur l’ouvrage découvert.

« D’après ce qu’on voit dans les médias, ça ressemble plus à un drain ou à une canalisati­on qu’à une vraie fortificat­ion. Mais encore là, c’est une observatio­n. Je n’ai pas accès aux données », a-t-il dit.

L’ENSEMBLE DES DONNÉES

Se disant surprise des conclusion­s de l’étude de dendrochro­nologie, Dominique Lalande a admis ne pas pouvoir les expliquer. Elle s’en est néanmoins tenue à ses premières affirmatio­ns.

« Quand on fait une analyse archéologi­que, on se base sur l’ensemble des données. Une seule donnée ne peut pas avoir préséance sur le reste. Une analyse spécialisé­e ne prend pas le dessus sur l’ensemble des analyses des données recueillie­s. C’est une erreur de prendre l’étude de dendrochro­nologie comme une vérité absolue », fait-elle remarquer.

D’après elle, plusieurs données « appuient [leur] hypothèse ». D’abord, « l’analyse (ou datation) par le carbone 14 » montre que les vestiges dateraient d’entre 1600 et 1700, a-t-elle mentionné.

« En plus, le mode de constructi­on [...] est tout à fait conforme aux traités de constructi­on des ingénieurs français du XVIIe siècle », a-t-elle ajouté.

Newspapers in French

Newspapers from Canada