Le Journal de Montreal

Sur la planète « police »

- JOSÉE LEGAULT Blogueuse au Journal game josee.legault @quebecorme­dia.com @joseelegau­lt

Habiter sur la planète « police », c’est vivre dans un univers parallèle. Hormis pour les pommes pourries qu’on y trouve comme ailleurs, être « flic » est un métier dur, exigeant, dangereux, ingrat et d’autant plus complexe dans les grandes villes.

D’où cette idée toute simple. Comme le rapporte La Presse dans une série d’articles, pendant cinq semaines, le Service de police de l’agglomérat­ion de Longueuil (SPAL) a libéré 30 de ses patrouille­urs et patrouille­uses. Objectif : leur faire vivre une immersion totale dans la vraie vie d’une société de plus en plus diversifié­e sur tous les plans.

Sans uniforme ni arme de service, ils ont rencontré entre autres des personnes itinérante­s, transgenre­s, déficiente­s intellectu­elles, autistes, etc. Pas de d’autorité. Juste de la conversati­on et des questions sans fard. Des questions posées de part et d’autre dans le but de désamorcer quelques préjugés tenaces.

BRAVO

Étant moi-même fille de policier, je dis bravo. Dans ma jeunesse, des préjugés chez les policiers, j’en ai entendu des tonnes. Contre les Noirs, les femmes, les Juifs, les Arabes, les handicapés, les jeunes, les étudiants, etc. Idem dans le sens inverse. Les policiers se faisant traiter de « chiens sales », de « boeufs enragés » ou pire encore.

Être dans la police, ça use la tête, le coeur et le corps. Pourquoi ? Comme disait mon père : « Dans chaque grande ville, on en trouve deux. La ville tranquille que les citoyens honnêtes voient et celle que voient les policiers, pas mal moins agréable ». Les patrouille­urs voient ce qu’il y a de plus dur : vols, viols, violence conjugale, gangs de rue, etc.

Pour se protéger, certains se forment une carapace d’indifféren­ce et de préjugés. Qui plus est, jusqu’à

70 % du travail des policiers est maintenant de nature « sociale ». Du jamais-vu. Maladies mentales. Logements insalubres. Pauvreté extrême. Itinérance. Aînés abandonnés. Enfants maltraités. Femmes battues ou tuées. Suicides. Etc.

Tous les jours, des policiers et policières ramassent les pots cassés d’un système de santé et de services sociaux en manque grave de ressources, d’humanisme et de vrais suivis.

COMPRENDRE N’EST PAS CAUTIONNER

Puis, il y a la diversité ethnocultu­relle. Croissante, elle désarçonne les corps policiers. Dans le programme du SPAL, les policiers et policières ont donc visité une mosquée. Zéro égalité homme-femme. Des filles de 5 ans voilées. Gros choc des valeurs. Cette réalité, les patrouille­urs doivent pourtant la connaître.

Ce qui ne leur commande pas pour autant de la cautionner. Au contraire. Les questions très critiques qu’ils ont posées à l’imam sur le voile et le rôle effacé des femmes le confirment. On se demande toutefois pourquoi le programme a choisi une mosquée dont l’imam, comme le rappelait ma collègue Sophie Durocher, serait aussi un propagandi­ste de la charia.

L’initiative de ce programme d’immersion est celle du chef du SPAL, Fady Dagher, lui-même d’origine libanaise. Parce que dans chaque ville, il y en a deux, son idée de les faire se rencontrer de temps à autre est la bonne.

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Jusqu’à 70 % du travail des policiers est maintenant de nature « sociale ». Du jamais-vu.
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