La cadre de Huawei conteste son éventuelle extradition
Première audience à Vancouver de Meng Wanzhou, accusée de fraude par les É.-U.
VANCOUVER | (AFP) La première audience d’une dirigeante du géant chinois Huawei, dont l’arrestation a provoqué une grave crise entre la Chine et le Canada, a commencé hier au tribunal de Vancouver où ses avocats ont immédiatement contesté son éventuelle extradition vers les États-Unis.
Meng Wanzhou, directrice financière de Huawei et fille de son fondateur Ren Zhengfei, est accusée par les autorités américaines de fraude et d’avoir contourné les sanctions de Washington contre l’Iran.
En matinée, les avocats de Mme Meng sont entrés dans le vif du sujet de la « double incrimination » qui dominera les débats, prévus pour durer quatre ou cinq jours : pour pouvoir être extradée aux États-Unis, Mme Meng doit y être poursuivie pour un délit également punissable au Canada.
Les avocats de la défense estiment que les faits reprochés à Mme Meng aux ÉtatsUnis n’ont pas d’équivalent au Canada, qui n’avait pas pris les mêmes sanctions contre l’Iran à l’époque des faits.
« Serions-nous ici en l’absence de sanctions américaines ? » a demandé l’un des avocats de la défense Richard Peck, avant de dire : « La réponse est non ».
« UN ARTIFICE »
« Les États-Unis ont lancé (contre Mme Meng) des allégations de fraude contre une banque. C’est un artifice », a-t-il souligné, notant qu’on demande en fait au Canada de « faire appliquer les sanctions américaines ».
L’audience à la Cour suprême de Colombie-Britannique a commencé peu après 10 h sous la direction de la juge Heather Holmes, après l’arrivée de Mme Meng, tout sourire et boîtier électronique à la cheville.
Arrêtée le 1er décembre 2018 lors d’une escale à Vancouver, Meng Wanzhou, 47 ans, est en liberté surveillée et vit dans une luxueuse résidence lui appartenant dans la métropole.
Pour échapper à son renvoi devant la justice américaine, la dirigeante de Huawei et ses avocats doivent convaincre que les accusations — fondées sur les sanctions américaines contre Téhéran — ne seraient pas passibles de poursuites au Canada et sont essentiellement motivées par des considérations politiques.
UN PION ?
Une ligne de défense appuyée par le ministère chinois des Affaires étrangères, qui a maintenu hier que ce processus d’extradition était un « grave incident politique », et a exhorté Ottawa à la libérer.
Le fondateur de Huawei avait estimé dans une entrevue au Globe and Mail que sa fille « était utilisée comme un pion » par Washington dans son bras de fer avec le géant des télécoms. Les États-Unis soupçonnent le groupe de liens avec le gouvernement chinois et éventuellement d’espionnage.