Une nuit de la déprime résolument hilarante
Le concept a vraiment de quoi égayer le plus triste des spectateurs
C’était « le cauchemar des fans de la Compagnie Créole » au Théâtre St-Denis, lundi, ou, si vous préférez, l’événement La Nuit de la Déprime . Du Saule inconsolable
d’Isabelle Boulay aux Pleurs dans la pluie
de Mario Pelchat, en passant par un extrait (faussement) déchirant des Dames de coeur ,il
y avait de quoi pleurer… de rire!
L’animateur Christian Bégin descend l’allée du Théâtre St-Denis en entonnant lentement Ce matin, texte on ne peut plus démoralisant de Diane Juster, et monte sur scène pour livrer (péniblement, il va sans dire) son monologue d’ouverture.
C’est ainsi que s’est amorcée la première Nuit de
la Déprime québécoise, un rendez-vous que les Productions Agents Doubles (de Luce Rozon) espèrent implanter ici comme une tradition.
Si le concept paraissait de prime abord rebutant – les raisons d’être pessimiste ne manquant déjà pas aux bulletins de nouvelles! –, il faut bien admettre que la Nuit de la Déprime a généré plusieurs moments magiques, en chansons comme en numéros comiques.
Les airs étaient tristounets, mais, dans la salle, l’ambiance était réjouie et démonstrative. Malgré la thématique, les artistes, une moue simulée aux lèvres, dissimulaient mal leur plaisir d’être là.
Et on s’en est donné à coeur joie dans le défoulement, comme dans ce segment où Pierre Brassard a énuméré une longue liste de raisons d’être abattu. « Monter sur la balance un 4 janvier, être en attente au téléphone sur la ligne d’Equifax, regarder le générique du téléroman
Grand-Papa et réaliser que toute la distribution est morte sauf un caméraman… »
À l’animation de ce « Super Bowl du spleen », Christian Bégin a accompli un boulot impeccable, avec des interventions toujours drôles, caustiques et abondamment saucées dans le deuxième degré.
SOIRÉE-BÉNÉFICE
Des scientifiques ayant statué que le troisième lundi de janvier (« Blue Monday ») est la journée la plus déprimante de l’année, en raison d’une multitude de facteurs agaçants (manque de lumière, température froide, excès de kilos et de dettes sur la carte de crédit, dû au temps des Fêtes, etc.). Un artiste français, Raphaël Mezrahi, lui, a décidé de s’amuser de cette douloureuse réalité en imaginant le spectacle le plus joyeusement désespérant qui soit, La Nuit de la Déprime, qui fait fureur à Paris depuis huit ans.
Au Québec comme dans sa version originale, La Nuit
de la Déprime était un formidable prétexte pour réunir une multitude de grands noms (Élise Guilbault, Mélissa Bédard, Alex Perron, Ève Landry, Patrice Michaud, Yann Perreau et Jean-Sébastien Girard s’ajoutaient aux personnalités mentionnées ci-haut), allier humour et variétés, le temps d’une soirée-bénéfice unique, et d’en remettre les recettes à une bonne cause, la Fondation Ronald-Denis, qui vient en aide aux personnes souffrant d’obésité morbide.