Le Journal de Montreal

Geoff Molson et la médiocrité

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Non, mais dirait Mme Simard, ça fait-y du bien de voir jouer un Canadien qui a du talent !

Carey Price a du talent. Shea Weber aussi. Mais c’est pas pareil. Un attaquant qui a le sens du but, qui patine avec élégance et puissance, qui voit le jeu et qui prend les bonnes décisions, souvent avec panache, me semble que ça fait longtemps qu’on a vu ça.

Tellement que le dernier avant Kovalchuk était probableme­nt Alex Kovalev. Même si Jonathan Drouin, par moments, nous fait entrevoir un potentiel qui ne demanderai­t qu’à s’exprimer. Si le

coach l’aimait et lui faisait confiance. En attendant que Jonathan et peutêtre Nick Suzuki leur en mettent plein la vue, les fans se régalent d’Ilya. Le premier but, samedi soir contre Vegas, puis l’autre en tirs de barrage ont fait bondir les gens dans le Centre Bell. Compter, c’est une chose, le faire avec classe et noblesse, c’en est une autre. Kovalchuk en est capable. Profitons-en pendant que ça passe. Il ne lui reste peut-être qu’une quinzaine de jours à Montréal.

EN ARRIÈRE POUR LAFRENIÈRE ?

Il y a deux semaines à peine, certains animateurs de radio lançaient un nouveau slogan : En arrière pour Lafrenière !!! D’autres souhaitaie­nt une défaite du Canadien à tous les matchs pour améliorer les chances de l’équipe de repêcher la merveille de Rimouski.

Un expériment­é collègue voulait même que Marc Bergevin envoie à Laval avec le Rocket certains de ses vétérans pour faire jouer des jeunes et ainsi gagner sur deux fronts. Leur donner de l’expérience et surtout, perdre pour Lafrenière.

Pendant ce temps, les proches d’Alexis Lafrenière à Rimouski prient le Bon Dieu et Allah pour que le jeune homme ne se retrouve pas à Montréal. Ils lui souhaitent une belle carrière dans le plaisir.

Mais, dirait Mme Artémise Simard avec son gros bons sens, on fait quoi avec les caves qui payent 383 $ pour UN ticket dans les rouges pour voir les Maple Leafs de Toronto ? Ou plus de 300 $ pour les Penguins de Pittsburgh ? On les écoeure et on leur demande de traverser le pont et d’aller encourager les gros noms à Laval à 35 $ la game ?

Mme Simard n’est pas économiste même si elle fait des ménages chez les intellectu­els de l’UQAM. Mais

Mme Simard a compris que les vrais patrons du CH sont ceux qui payent le très gros prix pour assister aux matchs en achetant des abonnement­s de saison. Et les dirigeants de RDS et de TVA Sports qui payent plus de

100 millions pour présenter les matchs du Canadien et des séries. Le vrai argent, c’est là. Le reste, c’est le crémage sur le gâteau.

Les autres, les fans ordinaires qui achètent une casquette faite en Chine du CH, tous ceux qui vivent et qui meurent pour leur équipe, ils comptent parce qu’ils servent à gonfler les cotes d’écoute. Sinon, on les manipule avec des phrases creuses et des promesses songées.

GEOFF SOURIT

Si les fans étaient pris au sérieux et n’étaient pas quantité acquise, Geoff Molson serait moins souriant et plus exigeant. Vous avez vu ce qui est arrivé à Rejean Shiro et Gerard Gallant ? Leurs équipes ne gagnaient pas assez de matchs, ils ne progressai­ent pas au rythme que voulaient les hauts dirigeants et les propriétai­res, dans le temps de le dire, ils ont été congédiés. Bonsoir, quatre défaites et ils sont partis.

Quatre défaites, c’est la moitié d’une série de huit défaites. C’est le quart de deux séries de huit ! Et le monde capote quand Ilya Kovalchuk marque un beau but ! Seize défaites dans deux séries honteuses. Claude Julien répète ad nauseam les lignes préparées par les relationni­stes, et Marc Bergevin va livrer ses pensées songées à la presse de Toronto et Geoff Molson sourit.

Geoff sourit, Claude fait de son mieux avec les éléments qu’on lui donne et Marc fait ce qu’il fait de mieux, se pousser, et tout va bien madame la marquise.

Geoff Molson ne semble avoir aucune exigence pour ses hommes de hockey. Quand une compagnie est toute croche et ne livre pas de résultats, c’est le cas du Canadien sur la patinoire, c’est le président qui est responsabl­e en fin de compte.

Les Glorieux sont médiocres parce que Geoff Molson accepte qu’ils soient médiocres. Avec une action Molson-Coors en bourse qui a subi dans la dernière année une glissade catastroph­ique et un siège social qui se vide à Montréal, sans doute que M. Molson a bien d’autres chats à fouetter qu’une équipe qui de toute façon remplit son Centre…

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PHOTO D’ARCHIVES, CHANTAL POIRIER Geoff Molson ne semble avoir aucune exigence pour ses hommes de hockey.

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