Le Journal de Montreal

Où sont les preuves ?

- DENISE BOMBARDIER

Le patron de l’Unité permanente anticorrup­tion (UPAC) a réagi rapidement aux propos de l’ex-premier ministre Jean Charest qui, dans une entrevue à Radio-Canada, mardi, a critiqué avec véhémence l’enquête Mâchurer menée par ses enquêteurs.

Normal puisque cette enquête dure depuis six ans déjà et demeure une épée de Damoclès au-dessus de la tête de Jean Charest. On peut raisonnabl­ement penser que cet état de fait est une des explicatio­ns du refus de l’ex-premier ministre de briguer la direction du Parti conservate­ur du Canada.

Pour l’anecdote, le verbe « mâchurer » signifie « barbouille­r, souiller de noir ». Or compte tenu des cafouillag­es de l’UPAC, dus en partie aux fuites nombreuses coulées par des policiers vers les médias, des conflits entre directions policières, de la démission du commissair­e Robert Lafrenière le jour de l’élection du gouverneme­nt Legault, le 1er octobre 2018, et de la suspension de son gendre, le directeur de la Sûreté du Québec, on peut affirmer que cette interminab­le enquête Mâchurer porte bien son nom.

RÉPUTATION­S

On barbouille et on souille de noir des réputation­s. Celle de l’ex-ministre libérale Nathalie Normandeau, qui a été accusée, mais n’a pas été jugée à ce jour, celle de Jean Charest lui-même et aussi du grand argentier Marc Bibeau.

Notons que celui-ci est en partie responsabl­e du délai de six ans, ayant entrepris de longues procédures judiciaire­s qui ont eu comme effet de retarder l’enquête. Mais voilà que la Cour suprême a refusé d’entendre sa cause le 16 janvier dernier.

Une proportion importante de Québécois a déjà jugé Jean Charest. Car ce dernier est diabolisé depuis longtemps. Sans preuve.

Dans une société de droit, la présomptio­n d’innocence est sacrée. Hélas, cette présomptio­n est devenue nulle et non avenue par la force des réseaux sociaux et par un populisme qui se retrouve dans tous les partis politiques dans la foulée des retombées du trumpisme, qui pollue l’Occident.

Quel Québécois accusé par l’opinion publique et subissant calomnies et diffamatio­ns dans les médias réussirait à supporter des attentes interminab­les ? Ne peut-on pas mettre en cause le profession­nalisme et la compétence des enquêteurs dans les circonstan­ces ?

MANQUE DE PREUVES

L’image de Jean Charest n’a cessé d’être noircie et barbouillé­e. Par des adversaire­s, qui ne sont pas toujours des parangons de vertu. Jean Charest est un des plus talentueux politicien­s de son époque. Sa contributi­on à la société québécoise est réelle. On ne peut, à ce jour, le considérer comme un potentat corrompu et fourbe. Le

Le patron de l’Unité permanente anticorrup­tion (UPAC) Frédérick Gaudreau a réagi rapidement aux propos de l’ex-premier ministre Jean Charest, un homme diabolisé par plusieurs.

soupçonner d’un crime est une chose. En faire la preuve en est une autre.

Les citoyens doivent avoir confiance dans la police. Or les dernières années ont été sombres pour les corps policiers, qui se sont publiqueme­nt entredéchi­rés et dénoncés.

Il est impératif que l’UPAC, sous la nouvelle direction de Frédérick Gaudreau, réussisse à mettre un terme à l’enquête Mâchurer. Ce sont des preuves dont le Québec a besoin. On ne peut briser la réputation de ceux qui ont dirigé le Québec sur des soupçons et des rumeurs. L’heure n’est plus au barbouilla­ge, mais à la lumière de la vérité. Vivement que justice soit rendue.

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Denise Bombardier défendra son point de vue avec Richard Martineau demain matin à 8 h 35 sur QUB Radio
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