Des amis de voyage passionnés
Certains des huit touristes impliqués dans la tragédie avaient déjà fait des excursions ensemble
QUÉBEC | Les huit touristes français qui prenaient part à l’expédition ayant tourné au drame au Lac-Saint-Jean étaient des copains passionnés de motoneige, dont certains avaient voyagé régulièrement ensemble au fil des deux dernières décennies.
Des témoignages de proches obtenus par
Le Journal et des informations issues de plusieurs médias français ont permis de mieux connaître les huit touristes alsaciens et vosgiens impliqués bien malgré eux dans une escapade fatale, mardi soir.
Le groupe, arrivé au pays dimanche, prenait part à une randonnée de motoneige avec un guide québécois lorsqu’ils ont quitté le sentier balisé pour s’aventurer sur la rivière Grande Décharge, dans laquelle le lac Saint-Jean s’écoule. La mince glace a cédé sous leur poids.
Benoit Lespérance, 42 ans, qui menait l’expédition, est tombé à l’eau en tentant de secourir ses clients (voir autre texte). Rescapé, il a été conduit à l’hôpital, où son décès a malheureusement été constaté. Depuis, cinq motoneigistes français manquent à l’appel. La Sûreté du Québec a confirmé leur identité hier.
HABITUÉ DU CANADA
Le Vosgien Gilles Claude est du lot. L’homme de 58 ans est un habitué des voyages au Canada, selon l’un de ses fils.
« Ça fait 22 ou 25 ans qu’il y va tous les ans en général », relate Florent Claude, joint par Le Journal en Slovénie, où il prenait part avec son frère Fabien à une importante compétition de biathlon.
En voyage, leur père s’entourait généralement des mêmes groupes d’amis, tous passionnés de motoneige ou de moto.
« Ils allaient là-bas vivre leur rêve, une fois par an, jusqu’à cette tragédie », souligne l’athlète professionnel.
Malgré la douleur et l’incertitude des derniers jours, Florent et Fabien ont pris le départ de la Coupe du monde hier.
« C’est ce que [mon père] aurait voulu, a confié Florent. C’était pour nous une façon de lui rendre hommage et qu’on resterait à tout jamais ensemble. »
L’émotion est d’autant plus forte que Fabien a remporté son premier podium lors de cette course. Les yeux dans l’eau, il a dédié sa performance à son père.
Bien que le temps s’écoule depuis les tristes événements, la famille garde espoir.
« Je sais que d’énormes moyens sont déployés pour faire au mieux, a déclaré Florent. On sait qu’il reste un infime, infime espoir. Mais c’est sûr que plus les heures passent… »
FUTUR PAPA
L’espoir demeure aussi pour les proches des autres disparus. Julien Benoît, de Sainte-Croix-aux-Mines, est aussi toujours recherché.
Sa disparition est d’autant plus crèvecoeur pour ses proches, puisque l’homme de 34 ans attendait un enfant au cours des prochains mois, selon deux connaissances avec qui Le Journal a pu s’entretenir.
Jean-René Dumoulin, 24 ans, de SainteMarie-aux-Mines, bien connu dans le monde de la moto tout-terrain, manque aussi à l’appel.
Le compétiteur aguerri voyageait avec ses amis Yann Thiery, 24 ans, et Arnaud Antoine, 25 ans, deux Vosgiens. Le Journal a pu s’entretenir avec un proche du trio, dévasté, qui les a qualifiés de « frères » à ses yeux.
Au chapitre des bonnes nouvelles se trouvent les rescapés, trois Alsaciens, sains et saufs. Gaston Fassel, un ancien gérant de bar dans la trentaine, est décrit comme sympathique et jovial par plusieurs de ses proches.
« APPRÉCIÉS DE TOUS »
Lui et Bruno Petitdemange, 60 ans, auraient réussi à extirper des eaux leur ami Paul Klein, rapportent plusieurs médias français.
La commotion est grande dans cette région de France, plusieurs des touristes de cette expédition tragique venant du même petit village.
« Je suis encore sous le choc. Toute la vallée aussi. C’est des personnes qui sont appréciées de tous », confiait au Journal Paulo Carneiro, qui connaît plusieurs des membres du groupe.
Les trois rescapés ont été hospitalisés pour des blessures mineures à Alma. Hier matin, ils quittaient la région en direction de l’aéroport de Montréal, où ils devaient prendre un vol vers l’Europe.