Les actionnaires de DuProprio ont une « vraie » agence immobilière
Nestor détient un permis de courtage contrairement à DuProprio
« Plus nécessaire de payer des milliers de dollars en commission pour vendre une propriété », disait autrefois la publicité de DuProprio. C’était avant que l’entreprise et ses actionnaires fondent Nestor, une « vraie » agence immobilière, a appris Le Journal.
Même dans l’industrie tricotée serrée du courtage immobilier, le lien est méconnu. La plupart des courtiers immobiliers avec qui Le Journal s’est entretenu ont été choqués d’apprendre que Nestor, lancée en février 2019, et DuProprio ont les mêmes actionnaires. Leurs sites web n’en font aucune mention.
« Il n’y a aucun lien commercial entre Nestor et DuProprio », a même soutenu le principal dirigeant de Nestor, Mathieu Savard, lorsqu’un acheteur potentiel lui a demandé quelle était la relation entre les deux compagnies.
En entrevue le lendemain, il s’est défendu d’avoir voulu induire cette personne en erreur. « Je pense avoir bien rempli mes obligations de transparence. J’ai dit qu’il n’y avait pas de lien commercial, pas qu’il n’y avait pas de lien. Il n’y a aucune cachette », a affirmé M. Savard.
INDÉPENDANTS
Les deux boîtes sont détenues par 90592114 Québec inc., compagnie à numéro qui appartient à son tour au géant britannique de l’immobilier Purplebricks.
Au Canada anglais, la marque DuProprio a d’ailleurs disparu au profit de Purplebricks, lors de son rachat, en 2018.
DuProprio et Nestor partagent également un certain nombre d’administrateurs, selon le registre des entreprises du Québec, dont le chef de la direction financière de Purplebricks, James Davies, et le PDG, Victor Darvey, évoqué dans le scandale des Panama Papers.
Porte-parole de DuProprio, Frédéric Auger soutient que les deux entreprises répondent à des besoins distincts.
« On aide les vendeurs à vendre sans intermédiaire. Nestor [...] offre des services aux acheteurs. On opère deux entreprises avec deux modèles différents », a-til indiqué.
ÉTONNEMENT
Courtière bien connue de la métropole, Amy Assaad ne cache pas sa surprise.
Comme plusieurs, elle ignorait tout de la relation entre DuProprio et Nestor.
« C’est la preuve que [DuProprio] réalise que son modèle ne tient pas la route. Ils modifient leur plan d’affaires pour accaparer une part plus importante du marché », constate-t-elle.
POURSUITE DE L’OACIQ
Parallèlement, le torchon brûle toujours entre DuProprio et l’Organisme d’autoréglementation du courtage immobilier du Québec (OACIQ), dont Nestor est membre. L’OACIQ, financé grâce aux cotisations des courtiers, poursuit DuProprio depuis plusieurs années maintenant.
« Effectivement, il y a une contradiction, dit-elle. Nestor a choisi de faire une demande de permis de courtage et a [répondu aux] exigences de la loi. On ne peut que saluer cela. Quant à DuProprio, ils n’ont pas de permis et on aimerait qu’ils en aient un. »
Sans condamner le silence de Nestor en ce qui a trait à ses liens avec DuProprio, elle juge important de dissiper toute « confusion dans l’esprit du public. »
ComFree/DuProprio emploie environ 400 personnes à travers le pays.