Le Journal de Montreal

Trop parfaite pour le Canada

Une Camerounai­se quittera le pays aujourd’hui pour avoir travaillé après avoir fini ses études trop rapidement

- SÉPHANE SINCLAIR Collaborat­ion spéciale

SAINT-JÉRÔME | La jeune programmeu­se camerounai­se sera finalement expulsée du pays ce soir pour avoir travaillé après avoir réussi ses études en un temps record et alors qu’elle reçoit des offres d’emploi fermes de compagnies informatiq­ues en pleine pénurie de main-d’oeuvre.

« MÊME LA NEIGE VA ME MANQUER [...] AU REVOIR, QUÉBEC ! »

–Rose Eva

« Je suis dévastée. Je n’arrive pas à comprendre la logique derrière mon expulsion. Nous sommes en pénurie de main-d’oeuvre. Je parle français et je m’étais adaptée », a soupiré Rose Eva, 23 ans, rencontrée pendant qu’elle préparait sa valise, hier, à Saint-Jérôme.

Elle sera expulsée aujourd’hui, à moins d’un miracle. Son vol de Royal Air Maroc doit décoller à 20 h de l’aéroport Montréal-Trudeau.

Son erreur, selon les fonctionna­ires d’Immigratio­n Canada : elle aurait dû cesser de travailler la journée même de l’obtention de son diplôme, puis faire modifier son visa d’étudiante pour pouvoir être employée sans aller à l’école.

On lui demande donc de quitter le Canada, même si elle a reçu des offres d’emplois fermes après que son histoire eut été médiatisée une première fois.

Deux autres offres lui ont été faites après d’autres entrevues la semaine dernière.

« Ils m’ont dit qu’ils avaient vraiment besoin de mes compétence­s », souligne Rose Eva.

DOUBLE FORMATION

Rose Eva est arrivée au Québec en 2017 pour faire une technique en programmat­ion informatiq­ue à l’Institut Teccart à Montréal.

Elle possédait déjà une maîtrise en finances de l’Université de Yaoundé au Cameroun, son pays natal. Sa soeur habitait déjà à Saint-Jérôme, ce qui a facilité sa venue au pays.

La jeune femme étudiait à temps plein et travaillai­t à temps partiel dans une boutique de vêtements de Mirabel, comme la loi le lui permettait.

À force d’efforts, elle a réussi à prendre de l’avance pour terminer son programme avant les autres étudiants. Elle a obtenu son diplôme le 17 septembre dernier, soit trois mois plus tôt que prévu. Son visa expirait seulement en mars.

PAS DE MENSONGE

Le 28 décembre, Rose Eva s’est présentée aux douanes de Lacolle afin de demander le statut de résidente permanente.

Après une série de questions, on lui a demandé la date de fin de ses études et si elle avait travaillé par la suite. La Camerounai­se a répondu honnêtemen­t.

Son objectif était d’avoir un emploi au Québec dans le domaine de la programmat­ion de logiciels pour des banques ou des commerces qui veulent vendre leurs produits en ligne.

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PHOTO COLLABORAT­ION, SPÉCIALE STÉPHANE SINCLAIR Fernande Messina consolait sa soeur Rose Eva pendant qu’elle faisait ses valises hier à Saint-Jérôme.

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