Le Journal de Montreal

Ce chien peut rassurer les victimes

La Sûreté du Québec a trois chiens d’assistance pour mettre en confiance des gens plongés au coeur de drames

- FRÉDÉRIQUE GIGUÈRE

Quand il est devenu enquêteur, Pascal Thiffault n’avait jamais imaginé recevoir un jour des cartes de Noël de victimes ou se faire sauter dans les bras par des enfants au tribunal. C’est toutefois le traitement tout spécial dont il bénéficie depuis qu’il travaille avec Kevlar, un chien d’assistance de la Sûreté du Québec.

Le policier, qui termine sa 27e année d’expérience dans les forces de l’ordre, est appelé à intervenir uniquement sur les crimes majeurs, comme les enlèvement­s, les agressions sexuelles ou les meurtres.

Kevlar et lui sont d’ailleurs intervenus la semaine dernière auprès de certains des enfants de Jaël Cantin, qui aurait été assassinée par son conjoint Benoit Cardinal au beau milieu de la nuit dans la maison familiale de Mascouche.

Comme quelques enfants du couple avaient été partiellem­ent témoins du crime, leur témoignage avait le potentiel d’être déterminan­t pour les enquêteurs au dossier.

En raison du caractère très sensible de l’affaire et de l’âge des potentiels témoins, la présence de Kevlar, un doux labernois de 4 ans, était un atout de taille.

PLUS DE 150

Des interrogat­oires de ce genre, les trois chiens d’assistance de la Sûreté du Québec (SQ) ont aidé à en réaliser plus de 150 l’année dernière. Instauré il n’y a que trois ans, le programme ne cesse de voir sa popularité d’augmenter.

« Les enquêteurs voient à quel point ça met les enfants et les personnes vulnérable­s en confiance et ils apprécient beaucoup le service, raconte l’enquêteur Thiffault. C’est aussi très bien reçu par les avocats et les juges. »

En plus de mener des interrogat­oires afin de soutirer les confidence­s des jeunes et des adultes plus vulnérable­s, le duo se déplace aussi dans les palais de justice afin d’assister les victimes pendant leur témoignage.

« J’ai déjà eu un cas où mon chien s’est couché sur les pieds dénudés de la personne pendant qu’elle était à la barre, raconte l’enquêteur. La personne sentait sa présence, était rassurée et plus à l’aise. En plus, c’était très discret et ça ne dérangeait personne dans la salle d’audience. »

La majorité des personnes rencontrée­s sont des enfants, en raison de leur vulnérabil­ité. L’enquêteur Thiffault a d’ailleurs dédié une grande partie de sa carrière à ces petits êtres, qui se retrouvent encore et toujours beaucoup trop souvent au coeur d’enquêtes criminelle­s majeures.

TENIR LA LAISSE

Dans le contexte froid et rigide de la justice, un chien comme Kevlar peut faire toute la différence pour mettre un enfant à l’aise. Les chiens sont d’ailleurs tous spécialeme­nt formés par l’organisme Mira.

« Je remarque que leur présence atténue beaucoup leur stress, explique-t-il. Et dans la mesure du possible, j’essaie de les laisser tenir la laisse du chien. Je me dis que tu as peut-être perdu le contrôle sur ta vie quand tu es devenu une victime, mais moi, je te redonne un peu de contrôle en te laissant la laisse du chien. »

AU PIED DU LIT

Cela étant dit, se faire confier un tel animal vient avec de nombreuses responsabi­lités et représente un travail constant.

« Kevlar est toujours avec moi. La nuit, si je veux me lever, je dois l’enjamber parce qu’il dort au pied de mon lit. Ça vous donne une idée ? » explique le policier avec humour.

Pascal Thiffault doit planifier toutes ses sorties en fonction de Kevlar. Que ce soit au restaurant, à l’hôpital ou dans n’importe lequel de ses loisirs, l’enquêteur doit inclure son « meilleur ami » de 81 lb.

La relation de confiance entre la bête et son maître est primordial­e au bon fonctionne­ment des éprouvante­s rencontres que le duo doit faire au travail.

« Notre rôle, c’est d’humaniser ce difficile processus. Et je pense qu’on a une bonne moyenne au bâton », illustre l’enquêteur Thiffault, le sourire aux lèvres.

 ?? PHOTO BEN PELOSSE ?? L’enquêteur Pascal Thiffault n’a jamais autant aimé son travail que depuis qu’on lui a confié le chien Kevlar.
PHOTO BEN PELOSSE L’enquêteur Pascal Thiffault n’a jamais autant aimé son travail que depuis qu’on lui a confié le chien Kevlar.

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