Le bilan grimpe à 80 morts
Plus de 2700 cas ont été confirmés en Chine, alors que les hôpitaux sont débordés
WUHAN | (AFP) Le nombre de victimes de l’épidémie de pneumonie virale en Chine a bondi à 80 et 2744 cas ont été confirmés dans le pays, alors que la France et les États-Unis préparent l’évacuation de leurs ressortissants de la zone en quarantaine.
Vingt-quatre morts supplémentaires ont été enregistrés dans la province de Hubei, épicentre de la contagion, mais aucun nouveau décès n’a été confirmé en dehors de cette région, a annoncé le gouvernement central.
La période de congés à l’occasion du Nouvel An chinois, qui devait durer jusqu’au 30 janvier, a été prolongée – sans précision de date – afin de « limiter les mouvements de population », ont indiqué les médias d’État.
Le directeur de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, a annoncé qu’il se rendait en Chine pour discuter avec les autorités des moyens de contenir l’épidémie.
CIRCULATION RESTREINTE
À Wuhan, la circulation automobile « non essentielle » est interdite depuis minuit dans le centre de la métropole, devenue étrangement silencieuse. Des chauffeurs bénévoles, recrutés par les autorités, acheminent gratuitement les malades vers les hôpitaux.
Mais, une fois sur place, la situation s’avère parfois chaotique : les patients doivent attendre des heures avant de voir un médecin et de savoir s’ils sont ou non contaminés.
Wuhan et sa région sont placées de facto en quarantaine depuis jeudi afin de prévenir une nouvelle propagation de la maladie. Au total, 56 millions de personnes sont coupées du monde.
Dans la cité transformée en ville fantôme, des haut-parleurs diffusent un message appelant les habitants à se rendre à l’hôpital sans délai s’ils ne se sentent pas bien.
« Wuhan n’a pas peur de faire face à l’adversité. N’écoutez pas les rumeurs, ne propagez pas les rumeurs », ordonne le message, alors que certains doutent des bilans fournis par les autorités.
RAPATRIEMENT D’ÉTRANGERS
L’épidémie a atteint l’Europe et l’Australie. Un cas présumé a été signalé au Canada (voir page 11) . Les États-Unis, où cinq cas sont confirmés, ont annoncé organiser le départ de leur personnel diplomatique et de citoyens américains bloqués à Wuhan, espérant faire décoller un vol demain.
D’autres pays sont en communication avec Pékin pour évacuer leurs ressortissants.
La ministre française de la Santé a annoncé, hier, que la France allait organiser « un rapatriement par voie aérienne directe » de ses ressortissants, et qu’une période de quarantaine de 14 jours leur serait appliquée.
Les hôpitaux étant débordés, la construction de deux sites pouvant accueillir chacun plus de mille lits a commencé. Elle doit être achevée sous quinzaine, selon les médias publics.
En attendant, la Chine se protège en érigeant des barrières intérieures. Plusieurs grandes villes du nord du pays – Pékin, Tianjin, Xian – ont annoncé la suspension des lignes d’autocars longue distance qui les relient au reste du pays. Dans l’est, la province du Shandong (100 millions d’habitants) a fait de même.
FIN DES VOYAGES ORGANISÉS
Le régime communiste a par ailleurs annoncé, hier, une interdiction temporaire du commerce d’animaux sauvages, alors que l’hypothèse selon laquelle l’épidémie serait partie d’un marché de Wuhan où était vendu ce type d’animaux a été jugée « hautement probable » par le Centre chinois de contrôle des maladies.
Pékin va en outre suspendre les voyages organisés en Chine et à l’étranger, une décision qui pourrait porter un coup au commerce de villes comme Paris, très prisée des touristes chinois.