Le Journal de Montreal

Des crédits d’impôt pour les jeunes

- Jean-Denis Garon est professeur à l’ESG-UQAM JEAN-DENIS GARON jean-denis.garon@quebecorme­dia.com

Le Québec a la chance de pouvoir compter sur deux fonds d’investisse­ment uniques en leur genre : le Fonds de solidarité FTQ et Fondaction. Ces fonds de travailleu­rs ont comme vocation d’investir dans des entreprise­s du Québec et d’y créer des emplois.

En choisissan­t ces fonds pour vos REER, vous bénéficiez de généreux crédits d’impôt. À hauteur de 30 % pour le Fonds de solidarité et de 35 % chez Fondaction. Ces crédits s’ajoutent aux déductions REER usuelles.

Ce qui revient à dire que le contribuab­le finit par payer presque le tiers de votre investisse­ment.

Mais il ne s’agit pas nécessaire­ment d’une aubaine. À risque équivalent, d’autres fonds génèrent de meilleurs rendements à long terme. C’est particuliè­rement vrai pour Fondaction. Les crédits d’impôt sont donc nécessaire­s pour soutenir ces investisse­ments québécois en capital de risque.

AVANTAGÉS PAR L’ÂGE

Mais pour certaines catégories d’investisse­urs, les crédits d’impôt pour fonds de travailleu­rs sont un vrai cadeau. Prenez l’exemple d’une personne de 62 ans qui est à 3 ans de sa retraite.

En deux ans, elle peut investir

10 000 $ dans le Fonds de solidarité et obtenir 3000 $ en crédits d’impôt.

Puisqu’elle est obligée de détenir les actions pendant seulement 730 jours, elle peut retirer ses billes le jour de sa retraite et conserver cet argent public. Elle pourra notamment réinvestir son argent dans d’autres fonds. Mais qui n’investisse­nt pas dans l’économie d’ici.

Résultat des courses ? Notre investisse­ur fictif obtient environ 7,5 % de rendement, sans même que le Fonds de solidarité ait eu le temps d’en investir un seul sou dans l’économie d’ici. Le tout aux frais des contribuab­les.

La réalité est tout autre pour les jeunes.

DIX FOIS MOINS POUR UN JEUNE

Un investisse­ur de 25 ans qui investit 5000 $ dans un fonds de travailleu­r obtiendra 1500 $ en crédits d’impôt. S’il prend sa retraite à 65 ans, ce crédit aura bonifié son investisse­ment de 0,75 % annuelleme­nt. Dix fois moins que pour un préretrait­é !

Quel conseil donner à un jeune investisse­ur qui prépare sa retraite ? Oubliez le crédit d’impôt et investisse­z dans d’autres REER qui vous procureron­t un meilleur rendement à long terme ! Et gardez les fonds de travailleu­rs pour plus tard. Beaucoup plus tard.

CHANGER LES RÈGLES ?

Ces mauvais incitatifs sont fâcheux. Spécialeme­nt à une époque où l’on tente de convaincre les jeunes d’épargner davantage. Et où le Québec a désespérém­ent besoin d’investisse­ment en capital de risque.

Il serait facile de modifier la fiscalité pour corriger cette situation. Les gouverneme­nts pourraient facilement moduler les crédits d’impôt avec l’âge. De les bonifier pour les moins de 40 ans.

On pourrait aussi obliger les investisse­urs à rembourser les crédits d’impôt si l’argent est retiré trop rapidement.

C’est déjà le cas ailleurs. Chez Capital régional et coopératif Desjardins, dont les investisse­urs obtiennent 35 % de crédit d’impôt provincial, l’actionnair­e doit conserver les actions pour 7 ans s’il veut éviter de payer des pénalités.

Ces nouvelles mesures seraient plus équitables pour les nouvelles génération­s. Elles seraient également à l’avantage des Fonds de travailleu­rs et bonnes pour l’économie du Québec.

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