Mon obésité m’appartient
Je suis certaine de ne pas être seule à penser comme je pense, mais peu de gens dans ma condition osent dire franchement ce qu’ils ressentent à cause du rejet dont ils risquent d’être victimes. Je viens d’une famille où tout le monde a passé sa vie à faire attention à ce qu’il mangeait pour ne pas prêter flan à la critique et ne pas se faire donner de conseils sur ce qu’on devrait et surtout sur ce qu’on ne devrait pas manger. Vous aurez deviné que je fais partie des personnes qu’on appelle « en surpoids » pour éviter d’utiliser le mot qui fait mal, « obèse ».
J’ai tellement souffert dans les cours d’école de mon enfance à force de me faire appeler par le surnom de Bouboule au lieu de mon vrai prénom. J’étais la risée de plusieurs et personne ne se préoccupait de ce que ça me faisait au plan moral. Même dans ma famille d’obsédés je me faisais rabrouer quand j’osais dire que je n’arrêterais pas de manger pour faire plaisir aux dictateurs du « bien manger pour être en santé ».
Après ma deuxième grossesse, qui m’a laissé 50 livres de plus sur le corps, j’ai décidé que c’en était fini des restrictions que je m’imposais depuis si longtemps et qui ne donnaient pas grand résultats au final. Je suis comme je suis et vous allez me prendre comme ça. Avec mon chum, qui fait partie de ma gang en passant, on a pris le parti de se foutre des commentaires méprisants ou volontairement directifs à notre endroit. Et ne venez pas me dire qu’on risque de coûter plus cher à la société en frais de santé. Nous, on ne se permettrait jamais de dire ça aux fumeurs, aux alcooliques, aux drogués et aux consommateurs de pilules de toutes sortes, parce qu’on les respecte. Faites donc pareil.
Une obèse qui s’assume
La défense de votre condition est légitime, et c’est un fait qu’on devrait toujours se garder une petite gêne avant de poser des jugements de valeur ou encore des jugements esthétiques, puisque l’un et l’autre sont des thèmes fort subjectifs. Malheureusement, l’être humain a beaucoup de mal à s’en empêcher.