UN SUPER BOWL COMPLEXE
Il est de bon ton de clamer que le Super Bowl 54 se résume à une collision de forces contrastantes entre l’attaque dévastatrice des Chiefs et la défensive machiavélique des 49ers. Pas si vite ! En creusant un peu, il est facile de constater que ce choc s’avère bien plus complexe que ce qu’il laisse entrevoir.
C’est là toute la beauté de ce Super Bowl, ce qui rend le duel imprévisible.
Personne ne va nier que le quart-arrière des Chiefs Patrick Mahomes représente à la perfection l’image dynamique du jeune quart-arrière qui brûle les défensives adverses.
À l’opposé, Nick Bosa se veut quant à lui le symbole de la défensive de feu des 49ers, qui maltraite les attaques sur son chemin.
Mais si on vous disait que cette perception un peu simpliste du Super Bowl 54 est incomplète et qu’elle frôle même le mythe ?
À L’ATTAQUE !
Bien sûr, l’offensive des Chiefs regorge de munitions et tend à exploser à tout moment. Sauf qu’il faut grossièrement manquer de respect aux 49ers pour croire qu’ils vivent ou périssent uniquement par leur défensive.
Dans les faits, l’attaque des 49ers a terminé au deuxième rang cette saison avec une moyenne de 29,9 points par match. Au chapitre des verges récoltées (381,1 par match), elle loge au quatrième échelon.
En comparaison, les Chiefs ont été sixièmes pour les verges amassées et septièmes pour la moyenne de points par match. Bien entendu, les nombreuses blessures ont joué un rôle dans ce classement, mais le but de l’exercice est de démontrer qu’il serait insensé de regarder de haut l’offensive des Niners.
Les chiffres sont là, les résultats aussi. Et mieux encore, l’attaque des 49ers est la plus balancée des deux, avec un jeu au sol qui s’est élevé au deuxième rang et un jeu aérien au 13e. Les Chiefs se contentent du 23e rang par la course, ce qui rend leur attaque plus unidimensionnelle (mais pas moins menaçante !).
PAS UNE PASSOIRE
À l’inverse, bien des amateurs et analystes se font un plaisir de lever le nez sur la défensive des Chiefs, tels des aristocrates devant une poche d’ailes de poulet. Et pourtant…
Impossible de nier que l’avantage en défensive réside du côté des 49ers, mais est-ce que les Chiefs sont une passoire pour autant ? Non, mais les mythes collent.
En réalité, les Chiefs ont concédé en moyenne 19,3 points par match cette saison… contre 19,4 pour les 49ers, dont la défensive semble pourtant élevée sur le même piédestal que celle des Bears de 1985. Encore là, inutile de lancer des tomates, il ne s’agit pas de dire que les Chiefs sont supérieurs à leurs rivaux en défensive. Par contre, il faut reconnaître en toute objectivité que les horreurs de 2018 sont loin derrière. Contre la passe, les Chiefs sont passés de la 31e position à la huitième en un an.
Non, les Chiefs ne sont pas exactement une terreur contre la course. Mais le fait d’avoir embouteillé Derrick Henry devrait leur redonner un minimum de crédibilité dans ce département.
Donc oui, l’attaque de Patrick Mahomes et des Chiefs contre la défensive des 49ers s’avère un angle intéressant. Sauf que ce duel au sommet a infiniment plus d’intrigue à offrir.
Les deux équipes sont en fin de compte de formidables machines de football qui ont de quoi faire saliver. Mieux vaut bien planifier les pauses toilette, ravitaillements de breuvages et cuisson de la boustifaille.
Le spectacle promet d’être aussi gargantuesque que les plats servis.