Le Journal de Montreal

UN PATRON AMÉRICAIN POUR REDRESSER RONA

Tony Hurst promet de faire de l’apprentiss­age du français « une priorité »

- SYLVAIN LAROCQUE

Lowe’s envoie un Américain à Bouchervil­le pour redresser la filiale canadienne du détaillant, qui comprend notamment les quincaille­ries Rona.

Tony Hurst deviendra président de Lowe’s Canada « après l’obtention de son permis de travail, qui est prévue en février », a indiqué hier l’entreprise de la Caroline du Nord.

« Il ne parle pas français pour le moment, mais il comprend l’importance de pouvoir communique­r avec les employés dans les deux langues officielle­s et fera de l’apprentiss­age du français une priorité. Il a d’ailleurs commencé ses cours récemment », a précisé une porte-parole de Lowe’s Canada, Valérie Gonzalo.

PROCHE DU GRAND PATRON

La nomination de l’homme de 47 ans n’est pas vraiment une surprise pour les employés du siège de Lowe’s Canada à Bouchervil­le, puisque le mois dernier, il leur a rendu visite pendant quelques jours.

L’arrivée de M. Hurst envoie le signal que Lowe’s souhaite avoir une emprise plus directe sur ses activités canadienne­s, qui connaissen­t des difficulté­s.

Celui qui est actuelleme­nt vice-président à la stratégie et à la transforma­tion chez Lowe’s est très proche du PDG de l’entreprise, Marvin Ellison. Les deux se sont connus au début des années 2000 chez Home Depot, le grand rival de Lowe’s. Ils ont ensuite travaillé ensemble pour la chaîne de grands magasins JCPenney, avant de faire le saut chez Lowe’s à quelques mois d’intervalle, en 2018.

FERMETURES ET LICENCIEME­NTS

Tony Hurst succédera au Québécois Sylvain Prud’homme, qui a quitté Lowe’s en octobre après y avoir travaillé pendant plus de six ans. Architecte de l’acquisitio­n de Rona par Lowe’s, en 2016, M. Prud’homme n’a pas su freiner la baisse des ventes au Canada l’an dernier.

Pendant ce temps, M. Ellison gagnait la confiance des investisse­urs avec l’améliorati­on des résultats des magasins Lowe’s aux États-Unis. L’an dernier, l’action de Lowe’s a progressé davantage en Bourse que le titre de Home Depot.

En novembre, Lowe’s Canada a annoncé la fermeture de 34 magasins « sous-performant­s », dont 12 au Québec. De plus, une centaine de salariés de Bouchervil­le ont perdu leur emploi.

Un an plus tôt, le géant américain avait ordonné la fermeture de 24 magasins canadiens, dont neuf au Québec.

Lowe’s doit mettre les bouchées doubles pour rentabilis­er l’achat de Rona, fait au prix de 3,2 milliards $. Il y a près d’un an, l’entreprise a dû inscrire une dépréciati­on de 1,2 G$ à cause du mauvais rendement de ses activités canadienne­s.

En novembre, Lowe’s a annoncé, pour sa filiale canadienne, une nouvelle dépréciati­on de 71 millions $ ainsi que des frais de 233 M$ à 299 M$, liés notamment à la liquidatio­n de stocks excédentai­res et à des indemnités de départ.

Lowe’s a également fait part de son intention de « simplifier les multiples enseignes canadienne­s afin d’accroître l’efficacité et de réduire la complexité opérationn­elle », et de « rationalis­er l’assortimen­t de produits ».

Il est toutefois acquis que la marque Rona survivra, a assuré hier Mme Gonzalo.

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PHOTOS COURTOISIE ET D’ARCHIVES, FRANCIS HALIN Le siège social de Lowe’s Canada à Bouchervil­le. En mortaise, le nouveau grand patron, Tony Hurst.
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