Le français ? Bof !
Les députés conservateurs québécois en appellent à la patience envers Peter MacKay, dont la piètre qualité du français fait les manchettes. On peut se demander s’ils n’ont pas plutôt abandonné l’idée de dénicher un chef véritablement bilingue, faute d’options.
M. Mackay a officiellement annoncé sa candidature à la direction du Parti conservateur samedi, dans son patelin de Nouvelle-Écosse.
Dans son discours, il a péniblement lu quelques phrases écrites en français. Sa maîtrise navrante de l’autre langue officielle a particulièrement déçu les conservateurs du Québec.
Des élus déçus qui, pour certains, ont tout de même choisi de l’appuyer.
ESPOIRS
On a l’impression que ces conservateurs du Québec vivent surtout d’espoir.
Peter MacKay rêve de devenir premier ministre depuis des décennies. Il a eu tout le temps voulu pour apprendre le français. Il ne l’a pas fait. Il promet aujourd’hui de rattraper le temps perdu.
On comprend pourquoi plusieurs prêchent la patience envers le favori de la course à la direction du parti. À moins d’une surprise, les deux principaux prétendants à la succession d’Andrew Scheer ne maîtrisent pas le français à l’heure où on se parle, soit Peter MacKay et Erin O’Toole. DÉBATS
Certains partisans de MacKay demeurent lucides. L’un d’eux admet que son poulain serait incapable, pour l’heure, de débattre en français contre Justin Trudeau. On se souvient, à ce sujet, de la difficile soirée qu’avait passée Andrew Scheer au Face-à-Face de TVA lors de la dernière campagne électorale.
Soit, contrairement à M. Scheer, M. Mackay n’est ni contre l’avortement ni contre le mariage gai. Mais la pente à remonter semble pour le moins abrupte s’il souhaite arriver à livrer son message aux francos du pays.
Plus tôt cette semaine, le lieutenant du parti au Québec, Alain Rayes, a affirmé que le prochain chef n’a pas à être « bilingue, parfaitement ». L’important, a-t-il dit, c’est que les candidats se montrent sensibles aux enjeux du Québec.
Ce serait sous-estimer l’importance que les Québécois accordent à leur langue. À moins que nous surestimions l’importance du Québec pour le Parti conservateur.
Peter MacKay rêve de devenir premier ministre depuis des décennies. Il a eu tout le temps voulu pour apprendre le français.