Le Journal de Montreal

Le français ? Bof !

- GUILLAUME ST-PIERRE Chef du bureau parlementa­ire à Ottawa guillaume.st-pierre2@quebecorme­dia.com

Les députés conservate­urs québécois en appellent à la patience envers Peter MacKay, dont la piètre qualité du français fait les manchettes. On peut se demander s’ils n’ont pas plutôt abandonné l’idée de dénicher un chef véritablem­ent bilingue, faute d’options.

M. Mackay a officielle­ment annoncé sa candidatur­e à la direction du Parti conservate­ur samedi, dans son patelin de Nouvelle-Écosse.

Dans son discours, il a péniblemen­t lu quelques phrases écrites en français. Sa maîtrise navrante de l’autre langue officielle a particuliè­rement déçu les conservate­urs du Québec.

Des élus déçus qui, pour certains, ont tout de même choisi de l’appuyer.

ESPOIRS

On a l’impression que ces conservate­urs du Québec vivent surtout d’espoir.

Peter MacKay rêve de devenir premier ministre depuis des décennies. Il a eu tout le temps voulu pour apprendre le français. Il ne l’a pas fait. Il promet aujourd’hui de rattraper le temps perdu.

On comprend pourquoi plusieurs prêchent la patience envers le favori de la course à la direction du parti. À moins d’une surprise, les deux principaux prétendant­s à la succession d’Andrew Scheer ne maîtrisent pas le français à l’heure où on se parle, soit Peter MacKay et Erin O’Toole. DÉBATS

Certains partisans de MacKay demeurent lucides. L’un d’eux admet que son poulain serait incapable, pour l’heure, de débattre en français contre Justin Trudeau. On se souvient, à ce sujet, de la difficile soirée qu’avait passée Andrew Scheer au Face-à-Face de TVA lors de la dernière campagne électorale.

Soit, contrairem­ent à M. Scheer, M. Mackay n’est ni contre l’avortement ni contre le mariage gai. Mais la pente à remonter semble pour le moins abrupte s’il souhaite arriver à livrer son message aux francos du pays.

Plus tôt cette semaine, le lieutenant du parti au Québec, Alain Rayes, a affirmé que le prochain chef n’a pas à être « bilingue, parfaiteme­nt ». L’important, a-t-il dit, c’est que les candidats se montrent sensibles aux enjeux du Québec.

Ce serait sous-estimer l’importance que les Québécois accordent à leur langue. À moins que nous surestimio­ns l’importance du Québec pour le Parti conservate­ur.

Peter MacKay rêve de devenir premier ministre depuis des décennies. Il a eu tout le temps voulu pour apprendre le français.

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