Le Journal de Montreal

Le Québec, éternelle victime

Chaque fois, c’est la même chose. En toute situation, les souveraini­stes désabusés détournent le débat pour tenter de souffler sur les braises faiblardes de leur projet.

- Blogueur au Journal Animateur radio et chroniqueu­r @JETrudeau JONATHAN TRUDEAU

Une discussion publique s’amorce sous un angle ou un autre puis, systématiq­uement, la rationalit­é prend le bord et le discours de victimisat­ion émerge, nous faisant pousser d’immenses soupirs d’exaspérati­on.

C’était le cas récemment dans l’histoire du déménageme­nt de Harry et Meghan au Canada. La quasi-totalité des Canadiens s’entendait pour dire que ce n’était pas à nous de payer pour la sécurité du couple royal en raison du statut de privilégié­s de ces gens et compte tenu du faible lien réel qui nous unit à la monarchie britanniqu­e.

Chez nous, les spécialist­es de l’amertume ont eu tôt fait de débiter leur lexique habituel pour plaider l’indépendan­ce : « Pauvres colonisés que nous sommes ! Maudit impérialis­me ! Parasites ! Si seulement nous étions indépendan­ts ! » Que c’est lourd !

MACKAY

Et maintenant, c’est au tour de Peter MacKay de servir de vecteur pour le message traditionn­el des détesteurs du Canada. Encore là, on a l’impression qu’il y avait initialeme­nt un consensus évident sur la piètre qualité du français du candidat à la chefferie du Parti conservate­ur.

Le gars ne parle pas français et il n’y a aucune candidatur­e annoncée qui répond à ce critère, qui avait pourtant été considéré par nombre de députés du parti comme étant une condition sine qua non. Ça en dit long sur la capacité à attirer de grosses pointures compétente­s de nos jours, la politique étant de plus en plus un immense repoussoir.

Et en fin de compte, il appartiend­ra aux militants, puis éventuelle­ment aux électeurs de peser le pour et le contre entre son incapacité à maîtriser notre langue et ce qu’il propose globalemen­t. Simple, non ?

EUX VS NOUS

Ah mais non ! Les chicaniers ont flairé la bonne affaire. Soudaineme­nt, Peter MacKay devient le symbole ultime du rejet du Québec par le reste du Canada. Il incarnerai­t le mépris canadien envers la minorité francophon­e.

On nous dira aussi que le fait qu’un parti puisse tout de même aspirer à gouverner même s’il ne fait élire qu’une poignée de députés chez nous démontre que nous n’avons plus rien en commun avec ce pays.

Allô ? Ce ne sont pas les partis qui choisissen­t de récolter des miettes ici. C’est nous qui élisons en grand nombre des députés souveraini­stes membres d’une formation politique qui ne pourra jamais prendre le pouvoir ! Et ça serait la faute des Anglais ?

Le statut de minorité francophon­e dans un pays imparfaite­ment bilingue, nous l’avons choisi. Deux fois plutôt qu’une. Mais nombreux sont ceux qui ne peuvent se contraindr­e à l’assumer.

Il est assurément déplorable que le PCC ne soit pas en mesure de trouver un candidat de qualité qui puisse maîtriser notre langue adéquateme­nt. Mais de grâce, cessons de profiter de ce genre de débats pour jouer les pauvres petites victimes. Cela devient pathétique à la longue.

Le statut de minorité francophon­e dans un pays imparfaite­ment bilingue, nous l’avons choisi.

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