Le Québec, éternelle victime
Chaque fois, c’est la même chose. En toute situation, les souverainistes désabusés détournent le débat pour tenter de souffler sur les braises faiblardes de leur projet.
Une discussion publique s’amorce sous un angle ou un autre puis, systématiquement, la rationalité prend le bord et le discours de victimisation émerge, nous faisant pousser d’immenses soupirs d’exaspération.
C’était le cas récemment dans l’histoire du déménagement de Harry et Meghan au Canada. La quasi-totalité des Canadiens s’entendait pour dire que ce n’était pas à nous de payer pour la sécurité du couple royal en raison du statut de privilégiés de ces gens et compte tenu du faible lien réel qui nous unit à la monarchie britannique.
Chez nous, les spécialistes de l’amertume ont eu tôt fait de débiter leur lexique habituel pour plaider l’indépendance : « Pauvres colonisés que nous sommes ! Maudit impérialisme ! Parasites ! Si seulement nous étions indépendants ! » Que c’est lourd !
MACKAY
Et maintenant, c’est au tour de Peter MacKay de servir de vecteur pour le message traditionnel des détesteurs du Canada. Encore là, on a l’impression qu’il y avait initialement un consensus évident sur la piètre qualité du français du candidat à la chefferie du Parti conservateur.
Le gars ne parle pas français et il n’y a aucune candidature annoncée qui répond à ce critère, qui avait pourtant été considéré par nombre de députés du parti comme étant une condition sine qua non. Ça en dit long sur la capacité à attirer de grosses pointures compétentes de nos jours, la politique étant de plus en plus un immense repoussoir.
Et en fin de compte, il appartiendra aux militants, puis éventuellement aux électeurs de peser le pour et le contre entre son incapacité à maîtriser notre langue et ce qu’il propose globalement. Simple, non ?
EUX VS NOUS
Ah mais non ! Les chicaniers ont flairé la bonne affaire. Soudainement, Peter MacKay devient le symbole ultime du rejet du Québec par le reste du Canada. Il incarnerait le mépris canadien envers la minorité francophone.
On nous dira aussi que le fait qu’un parti puisse tout de même aspirer à gouverner même s’il ne fait élire qu’une poignée de députés chez nous démontre que nous n’avons plus rien en commun avec ce pays.
Allô ? Ce ne sont pas les partis qui choisissent de récolter des miettes ici. C’est nous qui élisons en grand nombre des députés souverainistes membres d’une formation politique qui ne pourra jamais prendre le pouvoir ! Et ça serait la faute des Anglais ?
Le statut de minorité francophone dans un pays imparfaitement bilingue, nous l’avons choisi. Deux fois plutôt qu’une. Mais nombreux sont ceux qui ne peuvent se contraindre à l’assumer.
Il est assurément déplorable que le PCC ne soit pas en mesure de trouver un candidat de qualité qui puisse maîtriser notre langue adéquatement. Mais de grâce, cessons de profiter de ce genre de débats pour jouer les pauvres petites victimes. Cela devient pathétique à la longue.
Le statut de minorité francophone dans un pays imparfaitement bilingue, nous l’avons choisi.