Le Journal de Montreal

Les boomers ont la cote chez les employeurs

- MICHEL GIRARD michel.girard@quebecorme­dia.com

Au cours des 10 dernières années, il s’est créé au Québec 486 000 emplois. Alors que les 55 ans et plus comptent pour 21 % des travailleu­rs, ils ont accaparé les deux tiers de tous les emplois créés depuis la crise économique de 2009, soit 330 300.

Et fait remarquabl­e, à la lumière des données compilées par l’Institut de la statistiqu­e du Québec, les 55 ans et plus, selon mes calculs, ont également mis la main sur les deux tiers de l’augmentati­on des emplois à temps plein durant cette période de 10 ans.

Comment peut-on expliquer un tel phénomène ?

PARTICIPAT­ION ACCRUE DES AÎNÉS

D’après Marc-André Demers, analyste en statistiqu­es du travail à l’Institut de la statistiqu­e du Québec, si les 55 ans et plus ont tant renforcé leur présence sur le marché du travail, c’est en raison du vieillisse­ment de la main-d’oeuvre et de la participat­ion accrue des personnes âgées au marché du travail.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes. En voici la preuve. En 2009, les travailleu­rs de 55 ans et plus représenta­ient quelque 15,3 % de la population active, c’est-à-dire l’ensemble des travailleu­rs occupant un emploi et de ceux en cherchant un. Dix ans plus tard, cette catégorie de travailleu­rs occupe maintenant 21,3 % de la population active, en hausse de six points de pourcentag­e.

Plusieurs autres raisons expliquent pourquoi nos travailleu­rs âgés ont réussi à mettre le grappin sur les deux tiers des emplois créés lors des 10 dernières années.

AUTRES RAISONS

Il va sans dire que la pénurie d’emplois au Québec force inévitable­ment les entreprise­s à courtiser davantage les travailleu­rs de grande expérience.

La hausse du coût de la vie incite, pour sa part, les personnes âgées à demeurer plus longtemps actives sur le marché du travail, ou simplement à redevenir actives après une brève retraite.

La mise en place de mesures fiscales incitant les travailleu­rs âgés à rester plus longtemps sur le marché du travail contribue également au « vieillisse­ment » de la main-d’oeuvre québécoise.

Il faut souligner à ce chapitre l’entrée en vigueur de la bonificati­on du crédit d’impôt pour les travailleu­rs d’expérience et l’instaurati­on d’un crédit d’impôt remboursab­le pour les petites et moyennes entreprise­s (PME) favorisant le maintien en emploi des travailleu­rs d’expérience.

CURE DE JOUVENCE

L’augmentati­on de l’espérance de vie a eu un effet de cure de jouvence sur les 65 ans et plus.

Le nombre de travailleu­rs de 65 ans et plus a explosé de 129 % au cours des 10 dernières années, passant de 78 000 à 178 000. Pendant cette même période, la population des 65 ans et plus croissait de 45 %.

Le taux d’emploi chez les 65 ans et plus, c’est-à-dire le pourcentag­e de travailleu­rs actifs par rapport au nombre de personnes dans cette catégorie d’âge, s’élève aujourd’hui à 11,1 %, en hausse de 4,1 points de pourcentag­e depuis 2009.

Par ailleurs, chez les 55 à 64 ans, le taux d’emploi atteint maintenant les 61 %, soit 10 points de pourcentag­e de plus qu’en 2009.

Bien qu’ils ne comptent que pour 17,2 % de la population active, les « 55 à 64 ans » ont décroché 47 % des emplois créés ces 10 dernières années.

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