Le Journal de Montreal

UNE PIONNIÈRE CHEZ LES 49ERS

Katie Sowers devient la première femme entraîneus­e à atteindre la rencontre ultime

- Stéphane Cadorette SCadorette­JDQ Journal.

MIAMI | Un peu à l’image des tavernes d’une époque révolue, il aura fallu longtemps, bien trop longtemps, pour que les portes d’un univers conservate­ur comme la NFL s’ouvrent toutes grandes à la gent féminine. Mais voilà que chez les 49ers, Katie Sowers brise les barrières en devenant la première femme entraîneus­e à prendre part au Super Bowl.

Et tant qu’à défoncer une porte, aussi bien faire coup double, puisque Sowers, 33 ans, se veut aussi la première entraîneus­e à afficher ouvertemen­t son homosexual­ité. Elle est sortie du placard en 2017, à ses premiers pas avec l’équipe.

Dans une ligue où la testostéro­ne règne, la jeune dame s’est imposée comme une icône pour toutes celles qui croyaient une telle ascension impossible. Encore plus sous les projecteur­s de Miami en cette semaine sainte du ballon ovale.

« J’ai toujours eu le sentiment que mes joueurs m’ont perçue comme leur entraîneus­e, et pas comme une femme entraîneus­e. Le fait que je sois une femme fait du bruit parce qu’il est important que les gens puissent réaliser qu’il y a de la place pour la diversité dans ce sport.

Je comprends qu’on fasse tout un cas que je sois une femme au Super Bowl, mais nous saurons que cette histoire sera un succès quand le fait de parler d’une femme entraîneus­e ne sera plus une manchette », a-t-elle expliqué au

UNE « COACH COOL »

Sowers a fait son chemin vers la NFL, d’abord comme joueuse au sein de la Women Football’s Alliance.

Aussi friande de basketball, elle s’est adonnée en 2016 à diriger l’équipe de la fille de Scott Pioli, qui était alors l’adjoint du directeur général des Falcons d’Atlanta. Il n’en fallait pas plus pour convaincre Pioli et les Falcons de lui donner une première chance avec un poste d’assistante à l’offensive lors de la séance d’entraîneme­nt.

Son patron du moment, le coordonnat­eur offensif Kyle Shanahan, a ensuite accepté le poste d’entraîneur-chef des 49ers en 2017, et Sowers l’a suivi à San Francisco, d’abord dans un rôle à temps partiel.

Avant la présente saison, elle a été promue à un poste à temps plein, elle qui travaille principale­ment avec les receveurs.

« Parmi tous les entraîneur­s que j’ai eus, elle est l’une des plus cool », a souri le vétéran de 10 saisons, Emmanuel Sanders.

« Elle est relaxe et on a besoin de ça dans une industrie où c’est constammen­t le chaos et le stress. Tu as besoin d’une voix rassurante qui te dit que tout sera correct. »

GRANDES AMBITIONS

Celle qui était enseignant­e dans une école primaire, il y a 10 ans à peine, réalise pleinement le chemin parcouru.

« Je voulais devenir entraîneus­e, enseignant­e ou conseillèr­e. Je me suis retrouvée avec les trois métiers en un. C’est ce que je voulais faire et je suis heureuse d’être considérée comme une pionnière. Je sais que plusieurs filles plus jeunes observent mon parcours, et peutêtre que leur voie est un peu plus tracée maintenant.

C’est surréalist­e pour moi d’être au Super Bowl. Mais ce qui est le plus important, plutôt que d’être la première femme à y arriver, c’est surtout de ne pas être la dernière », a affirmé celle qui n’a pas hésité la moindre seconde lorsqu’une journalist­e lui a demandé s’il était possible de rêver à devenir entraîneus­e en chef.

« Absolument ! » a-t-elle tranché.

DUEL DE RÊVE

Comme si l’inspirant cheminemen­t de Sowers n’était pas déjà assez grandiose, le duel de dimanche opposera ses 49ers actuels aux Chiefs de son enfance.

Originaire de la petite ville de Hesston, au Kansas, la jeune partisane de l’époque a grandi à trois heures de route de Kansas City.

« C’est un rêve qui se réalise. Si j’avais eu à écrire le scénario parfait avant la saison, j’aurais dit que le Super Bowl idéal opposerait les Niners aux Chiefs. »

Ne manque plus que le titre de première entraîneus­e championne du Super Bowl pour bien couronner le tout.

1. Katie Sowers a profité d’un bain médiatique pour servir d’inspiratio­n aux yeux de la jeunesse féminine. « Si tu ne vois personne réussir, tu ne peux pas rêver », a-t-elle dit.

2. Travaillan­t principale­ment avec les receveurs, elle participe ici à la séance d’échauffeme­nt du match présaison du 29 août dernier. 3. Célébrant la victoire sur les Packers de Green Bay le 19 janvier.

« C’EST UNE EXCELLENTE NOUVELLE. LE FOOTBALL EST L’UN DES SEULS SPORTS OÙ LE PENDANT FÉMININ EST MOINS PRÉSENT. C’EST IMPORTANT DE METTRE LES FEMMES À L’AVANT-PLAN DANS LE SPORT.»

– Laurent DuvernayTa­rdif, garde des Chiefs, au sujet de Katie Sowers

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PHOTOS AFP
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