Le Journal de Montreal

Un infirmier libanais a bien failli abandonner son rêve au Québec

- HÉLOÏSE ARCHAMBAUL­T

Malgré les difficulté­s à faire reconnaîtr­e ses compétence­s, un infirmier libanais persévéran­t a finalement obtenu sa licence au Québec et se dévoue 60 heures par semaine à l’hôpital Jean-Talon, à Montréal.

« J’appelais ma mère et je pleurais tous les soirs », se rappelle Mohammad El-Kazouiny, à propos de ses débuts au Québec.

Âgé de 32 ans, l’homme a quitté son poste d’assistant-chirurgien au Liban, en mai 2017, pour immigrer au Québec. En amour, il souhaitait rejoindre sa copine québécoise, qu’il avait rencontrée au Liban.

Celui que tous surnomment « Mo » a dû attendre trois ans avant d’obtenir tous les papiers nécessaire­s pour immigrer. Malgré les grands besoins de personnel, son dossier n’était pas priorisé.

« Ça prend beaucoup de papiers pour immigrer au Québec ! » ironise-t-il.

Une fois ici, l’infirmier devait prouver ses compétence­s. Or, en 2018, il a participé à un projet pilote de 40 jours, qui lui a évité de retourner à l’école.

STAGE DIFFICILE

M. El-Kazouiny a trouvé son stage d’adaptation à l’hôpital Jean-Talon très difficile et a souvent songé à abandonner.

« Au début, c’était l’enfer. Tout était nouveau : la langue, les termes médicaux, la culture, etc. », raconte-t-il.

« J’avais juste 40 jours pour commencer à zéro et arriver à 100 %. »

Au fil du temps, le Libanais d’origine est parvenu à faire sa place au bloc opératoire et il a réussi son stage.

« Les médecins viennent me dire : “On en veut d’autres comme lui” », confie Julie Dufort, la conseillèr­e en soins infirmiers qui était responsabl­e du projet pilote.

Or, en septembre 2018, M. El-Kazouiny a échoué à son examen de l’Ordre des infirmière­s et infirmiers du Québec, par un point de pourcentag­e.

« Ça a été l’examen le plus dur de ma vie. Je n’avais jamais coulé un examen », avoue celui dont la langue maternelle est l’arabe.

Encouragé par ses pairs, il a tout de même persévéré. Un médecin immigrant lui avait même proposé de payer sa réinscript­ion à l’examen, qui coûte plus de 500 $.

« Les gens me disaient : “L’examen, ça ne compte pas. On sait que t’es compétent” », dit-il, encore ému.

Au début 2019, « Mo » a réussi l’examen. Depuis, il travaille 60 heures par semaine au bloc opératoire de l’hôpital Jean-Talon.

DÉVOUÉ AU BLOC

« Si jamais ils ont besoin, je ne peux pas partir. S’il faut rester jusqu’à 3 h du matin, ça ne me dérange pas. »

Ambitieux, l’infirmier a même postulé dans un autre établissem­ent.

« Je vis beaucoup de pression parce que mes collègues ne veulent pas que je quitte ! » dit-il en riant.

Par ailleurs, l’infirmier avoue qu’il diminuera sa cadence de travail bientôt, lorsque sa conjointe (qui vit à Gatineau) le rejoindra. Une chose est sûre : l’homme ne regrette pas tous ses efforts et il se sent chez lui.

« Je ne retournera­i jamais dans mon pays. C’est le Québec, mon pays ! » dit fièrement M. El-Kazouiny.

 ?? PHOTOS CHANTAL POIRIER ?? Originaire du Liban, l’infirmier Mohammad El-Kazouiny est aujourd’hui très bien intégré au sein de son équipe du bloc opératoire de l’hôpital Jean-Talon à Montréal.
PHOTOS CHANTAL POIRIER Originaire du Liban, l’infirmier Mohammad El-Kazouiny est aujourd’hui très bien intégré au sein de son équipe du bloc opératoire de l’hôpital Jean-Talon à Montréal.

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