Plus de 300 morts du coronavirus
Le premier ministre Justin Trudeau dénonce la discrimination nourrie par la peur et la désinformation
AFP | Le premier ministre canadien, Justin Trudeau, a dénoncé toute discrimination visant des membres de la communauté chinoise au pays, face à la crise du coronavirus qui a maintenant fait au moins 304 morts en Chine.
« Il n’y a pas de place dans notre pays pour la discrimination nourrie par la peur et la désinformation », a-t-il lancé, lors d’une réception pour le Nouvel An chinois à Scarborough, en banlieue de Toronto.
La semaine dernière, des responsables de la santé et de la communauté chinoise à Toronto ont mis en garde contre une résurgence du racisme et de la xénophobie qui s’étaient manifestés lors de l’épidémie de SRAS (Syndrome respiratoire aigu sévère) en 2003. Il avait fait 44 morts au Canada.
Amy Go, présidente par intérim du Conseil national sino-canadien pour la justice sociale, a déploré dans une interview à la chaîne CBC « la stigmatisation injuste » dont sont victimes les Canadiens d’origine chinoise.
Elle a salué les propos de M. Trudeau, tout en souhaitant que le gouvernement en fasse plus pour « calmer les inquiétudes » et « lutter contre le racisme ».
Le Canada, qui compte une importante communauté chinoise, a pour le moment recensé quatre cas de coronavirus.
La maladie qui s’est propagée à partir de la ville de Wuhan en décembre a contaminé près de 14 300 personnes en Chine, selon le plus récent bilan officiel.
UN DÉCÈS AUX PHILIPPINES
En soirée, les Philippines ont d’ailleurs annoncé un premier décès hors de la Chine. La victime est un Chinois originaire de Wuhan.
La Chine est de plus en plus isolée par la crise, les États-Unis et l’Australie ayant
pris des mesures envers les voyageurs en provenance de ce pays, tandis que la Russie rétablissait les visas pour les touristes chinois.
Les États-Unis interdiront l’entrée aux étrangers s’étant rendus en Chine dans les 14 derniers jours à partir de ce soir. Et une quarantaine allant jusqu’à 14 jours sera imposée aux Américains ayant été dans le Hubei, la province dont la capitale Wuhan est le berceau du nouveau coronavirus,
dans les deux dernières semaines.
Quant à l’Australie, elle n’accepte plus depuis hier sur son sol les non-résidents arrivant de Chine, après que des dispositions similaires eurent été notamment prises par l’Italie, Singapour, Israël ou encore la Mongolie.
Avant même les dernières annonces américaines, le régime communiste s’en était déjà pris aux États-Unis, qui avaient recommandé à leurs ressortissants de ne pas se rendre en Chine ou de quitter ce pays s’ils s’y trouvaient.
À Wuhan, le nouvel hôpital qui comprendra 1000 lits, construit en quelques jours, doit accueillir ses premiers patients demain.
Ailleurs en Chine, la peur du virus s’est emparée de la population. À l’entrée d’un grand parc de Pékin, inhabituellement désert, un gardien prenait la température des rares promeneurs à l’aide d’un thermomètre électronique et leur intimait l’ordre de se couvrir le visage.
« Si vous dépassez 37,3 degrés, on vous met à l’isolement », avertissait-il.
UN DRONE VOUS SURVEILLE
Dans un effort de santé publique, des drones sont programmés pour détecter les personnes qui ne portent pas de masques quand elles sont à l’extérieur, selon ce que rapporte le réseau américain CNN.
L’agence de presse chinoise Global Times a publié une vidéo où on peut voir un drone en action en Mongolie-Intérieure, en Chine.
« Oui, c’est bien à vous que le drone parle. Vous ne devriez pas vous promener sans masque », peut-on entendre.
En plus de sermonner ceux qui se promènent sans protection buccale, les drones conseillent aux gens de rester à la maison.
« Il vaudrait mieux rentrer chez vous, et n’oubliez pas de vous laver les mains. Un drone vous surveille », fait entendre un drone, menaçant.
Faute de clients, la plupart des commerces restent clos. Dans ce contexte, le géant informatique américain Apple a annoncé hier fermer tous ses magasins en Chine continentale jusqu’au 9 février.
L’entreprise californienne a déclaré dans un communiqué avoir pris cette décision par précaution.